Le Cinquantenaire, un musée taille XXL

texte et images D. LYSSE ©

En ce début d’été pluvieux, pour ceux qui restent en Belgique, c’est peut-être le moment d’aller voir ou revoir, à Bruxelles, un musée à la taille extra-large : le musée du Cinquantenaire.

Vouloir en faire un inventaire rapide, en s’en tenant aux chefs-d’œuvres et en passant rapidement par tous les couloirs pour jeter un vague coup d’œil au reste, risque d’être une expérience un peu décevante dans la mesure où l’on n’est pas ici au Louvre ni au Brittish Museum. Pas de Nefertiti, pas de casque de Sutton Hoo, pas de Vénus de Milo ni de frises du Parthénon. Par contre, dans toutes les sections, on trouvera nombre de pièces attachantes mais plus discrètes, qui demandent une visite plus attentive, un regard moins pressé et plus affectueux pour livrer leur richesse.

Pour ceux qui peuvent se permettre le luxe de revenir au musée, qui ne sont pas des étrangers de passage ou qui ne doivent pas rentabiliser au maximum le prix du billet d’entrée, on ne saurait assez recommander de s’en tenir à une partie bien délimitée des collections. Pour cela, on peut diviser, en gros, le musée en trois morceaux. Une aile concerne l’Antiquité classique, Rome, la Grèce, le bassin méditerranéen, le Proche et le Moyen-Orient. Les salles situées au milieu du bâtiment regroupent les civilisations plus lointaines, essentiellement l’Asie et l’Amérique anciennes. Et une autre aile contient tout ce qui concerne le territoire qui est aujourd’hui la Belgique, depuis l’âge de la pierre jusqu’à l’art nouveau et l’art déco.

Antiquité et Proche-Orient

L’Égypte, la Grèce et Rome sont les secteurs les plus visités. La présentation en est pourtant datée : elle devrait être totalement rénovée dans deux ans (à en croire des bruits de couloir). Ceci dit, même si certaines vitrines sont peu attrayantes, avec un éclairage au néon qui perturbe les appareils photo, les collections restent belles, avec un grand choix de vases peints, côté grec, des mosaïques, un très beau bronze monumental et quelques bustes-portraits énergiques d’époque romaine puis des sarcophages à momies, une chambre tombale transportée en entier depuis le Nil, des inscriptions en hiéroglyphes et autres statues de pharaons de toutes les époques, côté égyptien.

Cela vaut la peine de lire les notices et, à côté des pièces auxquelles on peut s’attendre dans ce genre de section, on en trouvera d’autre plus insolites, même si elles sont peu spectaculaires, comme cette lettre en écriture cunéiforme sur une tablette d’argile où un pharaon demande comme tribut à un vassal palestinien quarante femmes pour son harem, qui soient bonnes musiciennes et sans défaut de beauté.

Dans cette aile-là, ce qu’il ne faut pas manquer, parce que la présentation est impeccable et que les objets montrés sont parfois peu courants, ce sont les sections Moyen-Orient antique et monde islamique. Bizarrement, bien qu’elles soient très vastes, ces salles sont renseignées de façon totalement confidentielle. Voilà au moins une piste pour arriver aux collections syrienne et mésopotamienne : il faut descendre au sous-sol et chercher la porte vitrée sur le côté de la maquette de Rome, en face des écrans vidéos bavards.

Là aussi, des pièces un peu bizarres mais discrètes peuvent révéler beaucoup sur la mentalité d’époques éloignées, comme ces bols magiques qu’on enterrait dans les fondations des maisons, il y a une douzaine de siècles, chez les Mandéens, où un démon était représenté schématiquement, pieds et poings liés, entouré de formules propitiatoires qui protégeraient le bâtiment contre l’intrusion de créatures métaphysiques malfaisantes. Dans les vitrines proches de l’entrée, les petits bronzes très pittoresques, pour les mors de chevaux, ou assez mystérieux, pour les figures composites du Luristan (dans l’actuel Iran), forment un ensemble assez remarquable.

La section des arts de l’islam montre un vaste choix d’œuvres plus ou moins abstraites, poteries, textiles, tapis ou armes de prestige, et aussi beaucoup de pièces figuratives venues de ces régions (surtout l’Iran et sa très vaste aire culturelle) où l’interdiction religieuse des images a été vite contournée, permettant la floraison de riches écoles de miniature ou de peinture sur céramique.

Asie et Amériques

Dans la partie Asie et Amériques, je recommanderais de commencer la visite par la section américaine, au rez-de-chaussée. La collection Janssens a été montrée dans ces salles pendant un temps mais, propriété de la communauté flamande qui l’a reçue en paiement de droits de succession, elle est maintenant exposée à Anvers. Le Cinquantenaire possédait par ailleurs un vaste fond concernant ce domaine et, sauf du côté de l’orfèvrerie, il offre actuellement une sélection qui reste aussi passionnante pour le visiteur. On retrouvera donc ici toutes ces représentations d’êtres divins ou, plus banalement, de personnages civils occupés à leurs tâches particulières, images qui peuvent se montrer très touchantes pour peu qu’on prenne le temps de s’accoutumer à leurs formes peu familières (et à des dénominations déroutantes comme Huitzilopochtli !).

Les enfants et ceux qui ont gardé leur âme d’enfant s’émerveilleront alors de trouver ici des têtes réduites jivaro ou bien le fétiche arumbaya de l’album L’oreille cassée des aventures de Tintin, ou la momie de Rascar Capac, la seule a avoir été conservée dans sa vitrine ancienne, exactement comme l’avait vue Hergé quand il l’a dessinée dans Les sept boules de cristal. À l’étage supérieur, ils retrouveront le très beau Shiva dansant, en bronze, du sud de l’Inde, devant lequel un Indien voulait trancher la tête à Milou dans Les cigares du pharaon. L’usage qu’a pu en faire Hergé montre, au passage, à quel point ces collections ont potentiellement une vie propre et peuvent être regardées d’une manière créative : tout dépend vraiment de l’œil et de l’état d’esprit du visiteur !

Belgique

Quant à la partie « histoire de Belgique », c’est évidemment les sections dans lesquelles le musée excelle, où il n’a de concurrence dans aucune autre capitale. Avec le handicap que notre petit territoire a été longtemps très périphérique dans l’histoire du monde et de la culture. Même si la présentation est impeccable et attrayante, une certaine austérité marque ainsi les premiers millénaires.

Pas d’élaboration grandiose venue de l’âge de la pierre, ici : ni peinture pariétale ni statuette de Vénus fessue. À l’âge du fer, les Celtes ont laissé beaucoup de traces de leur existence dans nos régions, mais il s’agit souvent d’une vie rurale sans réalisation spectaculaire. La conquête romaine a inondé le territoire d’objets de luxe et de demi-luxe amenés par des marchands auprès des riches et des puissants locaux, mais beaucoup étaient fabriqués ailleurs ou alors copiés de modèles importés, sans originalité foudroyante : cela souligne à quel point nous n’étions qu’un lointain territoire frontalier pour l’Empire. Quant aux invasions germaniques, elles n’ont laissé que de pauvres vestiges, quand une épée rouillée, une boucle de ceinture ou une broche incrustée de grenats ou de verroterie font figure de trésor inestimable.

Les spécialistes et les passionnés se régaleront, bien sûr, des artefacts exposés et des explications qui les accompagnent. Mais pour les autres, je conseillerais de laisser pour la fin les premiers millénaires du territoire et de commencer directement la visite aux XIIe et XIIIe siècles, dans la salle dite « du trésor ». On assiste là à la première floraison culturelle d’envergure, dans la région de la Meuse, avec de l’orfèvrerie religieuse. Ceux qui ont lu sur ce blog l’article consacré à Hugo d’Oignies retrouveront deux pièces de sa main ou de son atelier, dont un reliquaire où il témoigne de toute sa vénération pour Marie d’Oignies (et même de sa proximité avec la sainte, quand il inscrit son nom en français sur la dédicace commencée de manière plus officielle en latin).

Ceux qui ont lu l’article sur le musée de la tapisserie à Tournai retrouveront, un peu plus loin, des tapisseries de la cour de Bourgogne montrant, notamment, Hercule en prince de Bourgogne. Ceux qui ont visité le musée dans l’hôtel de ville d’Audenarde retrouveront ici une des tapisseries dites « verdures d’Audenarde ». Juste à côté ils pourront voir une « verdure d’Enghien », exactement comme s’ils étaient allés à Enghien.

À ce point de vue, le Cinquantenaire est comme un résumé de ce qu’on peut voir dispersé dans tous les petits musées thématiques du pays. Il en est le complément nécessaire, d’ailleurs, avec l’avantage qu’il n’y a pas à se déplacer d’une ville à l’autre ni à prendre rendez-vous avec des institutions locales parfois confidentielles ou avec des fabriques d’église ou des trésors de cathédrales aux conditions de visites très limitées, voire erratiques.

L’accrochage au Cinquantenaire, suivant la ligne du temps, fait aussi qu’on perçoit mieux la place que chaque objet occupe dans l’implacable défilement des siècles, des styles et des modes : quelle tendance nouvelle il incarnait à l’époque de sa création et par quelle autre il sera bientôt remplacé, renvoyé au statut de témoin d’époques révolues.

L’inconvénient, inévitable, est que cette accumulation de pièces les rend chacune plus anonymes, les coupe un peu de leur contexte. Les tapisseries des ducs de Bourgogne, par exemple, qui sont la plus grande richesse du musée de Tournai et y sont donc mises en vedette et explicitées avec beaucoup de pédagogie, sont un peu noyées ici. Elles paraissent un peu plus confuses encore quand on les compare aux époques ultérieures, elles semblent vite trop encombrées de scènes et de personnages pour qu’on prenne le temps de les déchiffrer alors que se profile une effrayante enfilade de salles. Bref, elles restent muettes pour la plus grande part du public.

De même, le reliquaire contenant le petit doigt de Marie d’Oignies devient ici une pièce d’orfèvrerie parmi d’autres, peut-être pas la plus belle, d’ailleurs. Et son inscription, qui commence en latin administratif et finit en langue populaire en souvenir d’un contact vécu et concret avec une femme exceptionnelle qui avait bouleversé les destinées de ceux qui avaient côtoyé son petit béguinage, restera pour la majorité du public une ligne d’écriture dorée perdue dans un flot d’inscriptions beaucoup plus conventionnelles et indifférentes courant sur d’autres reliquaires, sur des autels portatifs ou des croix processionnelles. L’accumulation tue un peu la magie individuelle de chaque objet, elle anesthésie un peu la capacité d’attention du visiteur.

Les explications fournies par le musée essaient de trouver le juste milieu entre l’information exhaustive, qui rendrait la visite interminable, et le minimum nécessaire pour arriver à situer les grands et petits mouvements artistiques qui ont rythmé la vie dans nos provinces et qui ont accompagné l’essor de telle ou telle ville, ou le déclin d’une autre. Elles y arrivent assez bien et sont toujours pertinentes.

Difficile de recommander de s’attarder sur une œuvre en particulier : pour celui qui a une certaine familiarité avec les diverses productions des artisans de nos régions, elles ont toutes leur personnalité, leur petite ou leur grande histoire à raconter. Je suggérerais malgré tout au visiteur de s’arrêter un moment devant le grand retable bruxellois en bois sombre sculpté vers l’an 1500 par Jan Borreman et son atelier.

Il raconte le martyre de saint Georges, sujet sans grande surprise pour un ornement d’église. Mais le récit est déjà hilarant, si l’on ose dire à propos de séances de torture, parce que le malheureux Georges y passe de toutes les manières possibles et imaginables, déchiqueté dans une machinerie à roues, brûlé la tête en bas sur un grand feu, bouilli dans une énorme marmite en forme de taureau, etc. Et ça rate toujours, il se retrouve chaque fois à moitié nu et intact comme au début, jusqu’à ce que l’imagination des bourreaux se tarisse ou que le ciel se lasse enfin de venir sans arrêt à son secours, et qu’on lui tranche banalement la tête.

Il faut regarder de près les figures des acteurs, attristées ou brutales, songeuses ou haineuses mais toujours férocement populaires. Il y a ici toute la virtuosité de la Renaissance dans le rendu des corps, des matières et de l’espace mais en même temps, un refus total ou au moins une résistance obstinée contre l’idéalisation des personnages et l’italianisme qui l’accompagnait d’habitude à cette époque.

C’est l’esprit qui a animé Brueghel qui se trouve là en action, un peu gouailleur et attaché au quotidien, même dans les scènes sacrées, méfiant devant les grandes idées, les idéaux désincarnés, les propagandes pompeuses. Ce n’est pas dans ces ateliers que l’empereur Auguste aurait pu se faire représenter en dieu grec, malgré son âge et son probable embonpoint. Tout le monde, rois, pontifes, saints, militaires, palefreniers, paysans et petit peuple accouru au spectacle est montré bien authentique, bien concret en toutes circonstances. Pour cette exemplarité et pour la qualité de la composition des scènes ainsi que de chaque rendu de détail, ce retable-là mérite vraiment qu’on y consacre plus qu’un coup d’œil distrait, pressé, fatigué par l’océan de vitrines déjà vues ou encore à voir.

Ceci dit, un autre chroniqueur s’enthousiasmerait sans doute pour d’autres œuvres. À vous de trouver dans les salles les objets d’art qui sauront faire résonner en vous une corde intime. Le choix est tellement immense, entre les premiers silex et les œuvres art nouveau et art déco placées dans des vitrines dessinées par Horta, qu’il serait vraiment incroyable que la visite ne vous apporte aucune émotion. Vous l’avez sûrement remarqué, d’ailleurs : dans les photos illustrant cet article et montrant les diverses salles, il ne manque qu’une chose, vous !

 

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L’Italie, des hommes et des mots

Robert Massart

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la Belgique manquait de main d’œuvre pour faire redémarrer ses industries, et l’Italie, de son côté, n’avait pas assez de travail à offrir à sa population. C’est pourquoi, le 23 juin 1946, les deux pays signèrent un accord économique relatif à l’exploitation de la houille dans le sillon Sambre et Meuse, accord appelé aussi « Des hommes contre du charbon ». Cette année, on commémore chez nous les septante-cinq ans de l’immigration italienne.

L’immigrazione

Ainsi, jusqu’au milieu des années 1950, des dizaines de milliers d’hommes venant surtout du centre et du sud de l’Italie sont arrivés en Wallonie. La population locale n’était pas toujours très gentille avec eux : on les appelait “macaronis”, “tchitchos” – l’argot “rital” n’avait pas encore franchi la frontière -, on racontait qu’ils étaient fainéants, tire-au-flanc. Jusqu’au jour où, au milieu d’un été superbe, plus personne n’a osé rire des travailleurs italiens. Ce jour-là, le 8 aout 1956, les Belges ont entendu la langue italienne résonner gravement à la radio, et tous les jours qui suivirent, dans des émissions destinées aux familles d’immigrés pour leur donner les dernières nouvelles de la catastrophe minière du Bois du Cazier, à Marcinelle.

Deux-cent-soixante-deux morts, dont cent-trente-six Italiens. Après deux semaines d’efforts désespérés, un sauveteur fit cette déclaration que nul n’a oubliée : Tutti cadaveri, ils sont tous morts. Après ce désastre, on n’a plus considéré les Italiens de Wallonie comme avant, il faut dire aussi que, sur la lancée, nous avions appris qu’ils étaient plus de cinquante-mille à être venus chez nous pour extraire le charbon au péril de leur vie, et que beaucoup vivaient dans des conditions presque infra-humaines, certains étant encore logés dans d’anciens baraquements de prisonniers de la guerre de 40-45.

Partir ou rester ?

Par la suite, une grande partie de la communauté italienne est rentrée au pays natal, les uns ayant atteint l’âge de la retraite, d’autres, après le drame de Marcinelle, préférant une vie modeste, chez eux, plutôt que de la perdre à l’étranger. D’autres encore ont quitté la Wallonie quand la crise s’y est installée, fermant les usines et les houillères et réduisant au chômage des dizaines de milliers de travailleurs.

Malgré tout, beaucoup d’Italiens sont restés chez nous, les racines étaient déjà enfouies trop profond, les enfants s’étaient habitués au pays d’accueil et s’étaient mariés, bien souvent, avec des Wallonnes et des Wallons. Ainsi, du Bassin liégeois jusqu’au Borinage, en passant par le Pays Noir et la région de La Louvière, les Italiens ont parsemé les vallées de la Sambre et de la Meuse de la lumière de leurs noms et de leur accent, ce faisant ils ont en quelque sorte relatinisé un peu cette vieille terre déjà conquise, jadis, par leurs lointains ancêtres venus à pied des bords du Tibre.

Le « frantalien » avant le franglais

Toutefois, sans devoir remonter si loin et sans attendre non plus la signature d’un « accord charbonnier », l’Italie et les Italiens ont encore influencé plusieurs fois nos pays et singulièrement notre langue. Par exemple, avons-nous conscience de parler italien si nous énonçons des phrases comme celles-ci : « Les banquiers ont alerté leurs clients les plus poltrons, mais cette alarme était une bombe de carnaval. Derrière les façades, gardés par les sentinelles et camouflés dans le clair-obscur des salons, entre le minestrone et les cassates, plus question pour les hôtes et leurs escortes de désastre ni de banqueroute. Place à la bagatelle, la guerre était passée. » ? Elles contiennent une douzaine d’italianismes.

Un italianisme est un mot propre à la langue italienne transposé dans une autre langue. Les dictionnaires recensent aujourd’hui la présence d’environ sept-cents mots d’origine italienne en français. Toutefois, nous allons voir que les emprunts à l’italien furent bien plus nombreux au seizième siècle : les lexicologues parlent alors de trois mille italianismes au moins et certains avancent le chiffre de huit mille. Que s’est-il donc passé à cette époque ?

La Renaissance

Au 14e siècle l’Italie est entrée dans une ère que l’on appellera la Renaissance : il Trecento et il Quattrocento (le 14e et le 15e siècle). Il s’agit d’une longue période d’épanouissement culturel et artistique, la sortie du Moyen Âge, due, en partie, à l’afflux de savants et d’artistes qui fuyaient la conquête de Constantinople par les Ottomans pour se réfugier en Italie, berceau de la civilisation gréco-latine qu’ils vont contribuer à redynamiser et remettre à l’honneur.

À partir du 16e siècle la France, qui sort aussi peu à peu du Moyen Âge, éprouve une forte attirance pour tout ce qui vient d’Italie. Cet engouement est favorisé d’abord par des campagnes militaires (les guerres d’Italie) de plusieurs souverains français qui prétendaient avoir des droits héréditaires sur le Milanais et le royaume de Naples. Ensuite par l’arrivée de deux reines italiennes à la cour de France : Catherine de Médicis qui épousera le fils de François 1er, le futur Henri II, et Marie de Médicis, l’épouse d’Henri IV, qui exercera la régence jusqu’à l’avènement de Louis XIII. Il faut ajouter à cela le cardinal Mazarin, ou Mazzarini, originaire des Abruzzes, qui occupera la fonction de principal ministre d’État pendant dix-neuf ans, sous Louis XIV.

Une grande italophilie

L’ensemble de ces éléments a influencé directement la société et la civilisation françaises et, bien entendu, la langue. Tous les domaines du lexique français seront touchés par les mots italiens, de la vie de cour à l’alimentation en passant par la mode vestimentaire, l’architecture, la musique, les beaux-arts et la finance. Quelques exemples : altesse, ambassade, guerre, bombe, infanterie, cantatrice, castrat, barcarolle, sonate, façade, appartement, salon, douche, balcon, espalier, dôme, coupole, dessin, aquarelle, bilan, banque, carafe, botte, caleçon, escarpin, perruque, artichaut, biscotte, cantine … Et toujours dans le domaine alimentaire, peut-on imaginer que le mot « caviar » lui-même nous soit venu de la langue italienne où caviale est une transformation du persan « havyar » qui signifie « œufs de poisson » ?

La réaction

Cette vogue italianisante devait provoquer inévitablement une réaction. Un vif sursaut d’orgueil national à une époque où le français venait d’être promu au rang de langue officielle de l’administration par l’Ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), au détriment du latin. Cette même année paraissait le premier dictionnaire de français. Quelques décennies plus tard ce seront De la précellence du langage français, d’Henri Estienne, et La Défense et Illustration de la langue française, de Du Bellay. Plusieurs auteurs brocarderont aussi les snobs (le mot n’existait pas encore) qui « singent l’italien » avec leurs « corruptions italiques ».

Avec le temps, la mode, comme toujours, s’affaiblira et disparaitra. La plupart des italianismes ont été oubliés (on ne dit plus « spurquesse » pour saleté), de plusieurs milliers qu’ils étaient il n’en subsiste que quelques centaines qui se sont parfaitement intégrés dans leur langue d’accueil – le fait qu’il s’agissait de deux langues romanes a facilité les choses – notamment par l’assimilation morphologique : alarme a tout d’un authentique mot français, comme banqueroute ou dessin. On n’y reconnait plus leur « passé » italien : all’arme (aux armes), la banca è rotta (le banc est cassé, rompu), il disegno, disegnare (le dessin, dessiner).

Italianismes et anglicismes : même combat ?

On ne peut pas en dire autant de l’afflux d’anglicismes que le français subit depuis le vingtième siècle, car la situation est différente : au 16e siècle les communications étaient lentes et les échanges linguistiques se faisaient surtout oralement. Les mots étrangers étaient prononcés selon les habitudes phonétiques de leur langue d’accueil. Aujourd’hui, la plupart des mots anglais nous arrivent par la voie écrite et très rapidement. Ils n’ont ni le temps ni la possibilité de se fondre dans la langue française, ce qui n’était pas encore le cas il y a un siècle quand packet boat devenait un paquebot et riding coat une redingote.

Et maintenant ?

Et, me direz-vous, il n’y a plus eu d’emprunts à l’italien depuis la Renaissance ? Si, bien sûr, mais moins nombreux et réservés à quelques domaines spécifiques : la musique, la cuisine : opéra, diva, bel canto, spaghetti, carpaccio, lasagne, pizza, spumante, etc. Aussi quelques occurrences liées à l’Église catholique, par exemple la papamobile.

L’autostrade ou l’autoroute ?

Pour terminer, le mot « autostrade » est un cas intéressant qui mérite quelques commentaires. Il est apparu pendant la première moitié du siècle passé, l’Italie ayant en quelque sorte « inventé » les autoroutes. La première, dans la région de Milan, date de 1924. Mussolini avait l’ambition de renouer avec la tradition romaine des fameuses chaussées qui sillonnaient autrefois tout l’Empire. Le mot « autostrada » en italien est une sorte de mot valise formé sur « strada », la route ou la rue, et « automobili » : route réservée aux automobiles. Bientôt le concept et le mot ont été imités en Allemagne (Autobahn). En français « autoroute » apparait à la même époque, mais il ne s’est répandu que dans les années 1950 avec les premières constructions autoroutières françaises.
Les pays francophones ont adopté l’autoroute. Toutefois, en Belgique, il y eut un peu de flottement dans l’usage. Le mot italien, francisé, « autostrade » a concurrencé « autoroute » pendant quelques années. Peut-être parce que les Belges le confondaient au début avec un mot néerlandais, « strade » étant proche de « straat ». Autoroute se dit en néerlandais « autosnelweg ».

J’applique l’orthographe recommandée de 1990.
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Tournai méconnue

texte et images D. LYSSE ©

La ville de Tournai ne fait pas partie des objectifs touristiques les plus courus de Belgique. C’est assez injuste. Elle ne manque pas de charme, avec ses rues anciennes et ses terrasses sur la grand-place. Et surtout, en plus de la silhouette emblématique des clochers romans de sa cathédrale, elle propose aux amateurs d’art et de culture un vaste choix de musées.

 

Musée des Beaux-Arts

Le Musée des Beaux-Arts, en premier lieu. Géré par une équipe extrêmement dynamique, et promis à une extension prochaine, il expose de façon tournante une sélection dans sa large collection, ce qui fait que deux visites à six mois ou un an d’intervalle seront toujours différentes. Il y a, naturellement, quelques chefs-d’œuvre incontournables qu’on ne retire jamais des cimaises : deux peintures de Manet, notamment, extrêmement célèbres et qu’envieraient tous les musées du monde.

La présentation actuelle est centrée sur un prêt de deux grands bronzes de Rik Wauters : la « Vierge folle », d’après les chorégraphies d’Isadora Duncan, et une statue en pied de Nel, son épouse adorée et modèle préféré. L’arrivée de ces sculptures a donné l’impulsion pour un accrochage basé sur l’image de la femme dans les œuvres du musée.

Pour mieux guider le visiteur et retenir son attention pendant son périple à travers les salles, les organisateurs ont choisi de placer auprès de certaines œuvres un commentaire personnel ou une citation littéraire pouvant servir de contrepoint. Dans le contexte culturel et médiatique du présent, fortement marqué par le mouvement « Me too », un thème comme l’image de la femme appelle évidemment d’autres commentaires qu’il ne l’aurait fait il y a vingt ans, ou il y a un siècle. Ces notices permettent, dans un premier temps, de créer un lien entre les ouvrages, souvent anciens, accrochés aux murs, et diverses facettes du politiquement correct venu d’Outre-Atlantique.

Même lorsqu’elle se fait, comme ici, sans excès, évitant communautarisme, censures et ostracismes, une telle démarche d’actualisation court toujours le risque de réinterpréter des œuvres historiques à la lumière des polémiques contemporaines, un peu comme ces metteurs en scène d’opéra qui, dans la deuxième moitié du XXe siècle, ne pouvaient aborder Wagner sans y plaquer à toute force des uniformes hitlériens.

Faut-il mettre systématiquement en avant l’exploitation de la femme dans les lavandières de De Braekeleer ou dans des représentations de paysannes, qui tenaient peut-être moins du discours féministe que de la recherche du pittoresque (ou, dans d’autres cas, d’un érotisme discret) par le peintre ? Toute représentation d’un modèle féminin familier, humble ou nanti, posant dans l’intimité, simplement assis sur une chaise dans un appartement, doit-elle fatalement renvoyer au confinement des femmes à la maison dans les sociétés patriarcales ?

La démarche eût en tout cas paru étrange, il a quelques décennies, et cela n’aide peut-être pas toujours à resituer l’œuvre dans son époque d’origine ou à pénétrer son identité profonde, ce qui la rend unique. Mais peu importe : si ce genre de rapprochement permet de créer un pont entre des sculptures ou des dessins anciens et un spectateur moderne, branché sur l’actualité et les discussions du jour, il est déjà bénéfique. Et le commentateur s’est gardé d’en faire trop dans ses interventions, revenant régulièrement à des perspectives plus liées à l’histoire de l’art. Quoi qu’il en soit, cela permet une visite du musée très cohérente et, au total, extrêmement réjouissante.

Musée de la tapisserie

À quelques centaines de mètres de là, le très beau musée de la tapisserie propose, pour sa part, diverses tapisseries contemporaines, parfois surprenantes, d’autres du siècle passé, mais aussi une dizaine de réalisations de prestige parvenues jusqu’à nous depuis l’époque de ducs de Bourgogne, aux XVe et XVIe siècles, quand les manufactures de Tournai étaient à leur apogée.

Au premier coup d’œil, elles peuvent déconcerter mais il faut prendre le temps de se familiariser avec elles. Ce sont des panneaux immenses, conçus pour être suspendus dans des salles d’apparat, avec des couleurs un peu passées et des mises en scènes parfois confuses à force d’être compactes, emplies de détails. Il y avait une vraie horreur du vide dans la décoration, à l’époque. Tout étincelle d’armures, de costumes luxueux ; les lointains s’emplissent de toits, de villes, d’arbres, de petits paysages, et quand un peu d’espace subsiste à l’avant-plan, entre deux pieds ou devant un pan de mur, il est vite comblé avec des plantes, des fleurs, un petit lapin, bref, avec n’importe quoi.

Les histoires que racontent ces panneaux (expliquées sur des cartons à consulter) ont, elles aussi, l’air tarabiscotées. On dirait de la mythologie classique mais racontée d’une manière bizarrement tordue, comme si les auteurs avaient oublié le sens et le scénario des mythes qu’ils racontaient, comme s’ils n’en connaissaient que des bribes qu’ils auraient récupérées pour les tordre à leur manière.

Après un moment, quand le regard se met à isoler et reconnaître les différents personnages et les actions, et quand on déchiffre mieux les intrigues, on s’aperçoit que tout est beaucoup moins farfelu et désordonné qu’il n’y paraît. Les distorsions des récits ne sont pas accidentelles, elles ne sont dues qu’au politiquement correct de l’époque, qui forçait à relire des données culturelles plus anciennes à la seule lumière des événements contemporains.

La minorité opprimée qu’il s’agissait alors de défendre, de réhabiliter et de glorifier, c’était la cour de Bourgogne. Issus de cadets de famille du roi de France, ils étaient condamnés à végéter comme vassaux de Paris même si, à la faveur de la Guerre de Cent ans, ils se trouvaient parfois plus puissants ou plus brillants culturellement que les descendants de la branche aînée.

Ils s’identifiaient volontiers à Hercule, opprimé lui aussi, asservi au roi de Tirynthe et condamné aux célèbres travaux. L’air du temps était donc à la glorification de l’héroïsme et du mérite mal reconnus et mal récompensés, alors les auteurs et les artistes de l’époque en rajoutaient à qui mieux mieux sur les exploits et les mérites d’Hercule.

Sur les tapisseries du musée, on voit un Hercule civilisateur, qui vole le secret des tissus en laine en dérobant les moutons que le géant Atlas emprisonnait en Espagne à son seul usage (il assassine Atlas au passage, sous les yeux de ses filles horrifiées). Ou alors on voit Hercule et ses compagnons qui refont la guerre de Troie et détruisent Troie à eux tout seuls, vexés de n’avoir pas pu y faire escale pendant leur quête de la Toison d’Or. Et quand Hercule n’est pas montré en armure d’apparat moyenâgeuse, avec une épée dégoulinante de sang et la tête d’un puissant honni dans la main, il apparaît, comme on s’en doute, vêtu comme un duc bourguignon.

Peu importait, alors, que la culture grecque s’en retrouve estropiée, tant que les développements qu’on en tirait servaient les luttes et l’humeur de l’époque. Les temps belliqueux sont peu propices à une approche respectueuse et distanciée de l’Histoire, l’urgence de la cause à défendre prime sur le reste. Et on sait que le XVe siècle a été un siècle atrocement belliqueux en Europe du Nord.

De façon amusante, le politiquement correct de la fin du Moyen-âge se trouve parfois diamétralement opposé au politiquement correct contemporain. Revisitant la campagne militaire de Titus au Proche Orient au premier siècle de notre ère, un autre cycle de tapisseries tournaisiennes anciennes raconte ainsi comment le Christ s’est vengé des Juifs qui l’avaient humilié, torturé et assassiné : il leur avait envoyé les légions romaines pour détruire Jérusalem, saccager leur pays et déporter toute la population survivante.

Un panneau nous montre Néron, outré par la mort de Jésus, qui mandate Vespasien et Titus pour punir les Juifs. En haut de l’image se voient déjà les armures métalliques des cohortes de chevaliers sur pied de guerre pour venger le Sauveur divin. Sur un autre panneau, dans Jérusalem assiégée et affamée, une riche juive a dissimulé des victuailles et s’empiffre en cachette de poulets à la broche et de saucisse pendant que l’assaut final est donné. Un détail de cette scène de destruction mouvementée nous montre l’accapareuse tirée de son festin par le soldat romain qui va punir sur elle comme sur ses concitoyens le crime d’appartenir à une race déicide, en la trucidant, en la violant ou en la vendant comme esclave, au choix.

À notre époque, on peut s’étonner qu’aucune ligue de vertu ne soit venue demander le retrait de ces œuvres antisémites des cimaises du musée, ou que personne n’ait au moins exigé une sévère remise en contexte. Je plaisante, naturellement : ces vénérables tapisseries demandent un effort de déchiffrage suffisamment grand pour décourager a priori les amateurs de ce genre d’anachronismes interprétatifs et d’absence de perspectives historiques.

Saint Jacques et la cathédrale

On peut d’ailleurs continuer la visite de la ville en conservant ce fil du politiquement correct. A la cathédrale et à l’église saint Jacques (un bâtiment d’une belle architecture gothique construite autour d’un énorme clocher roman), par exemple, les visiteurs pourront alors se souvenir de l’air du temps à l’époque de la censure protestante, vers l’an 1566. De grands destructeurs de statues et de grands rectificateurs du passé pour raison idéologique, eux aussi !

Il suffit de voir avec quel soin ont été martelés les portails de la cathédrale et comment rien ne subsiste, ou presque, à l’intérieur des deux bâtiments, de la décoration et du mobilier liturgique d’origine, pour se rendre compte à quel point les représentations de la sainte famille, des saints ou même de simples donateurs ou de figures allégoriques ont pu sembler odieuses à certains militants du XVIe siècle. Ces gens-là étaient certes pleins de bonnes intentions, seulement soucieux de ramener le public à une piété plus authentique, plus centrée sur le récit évangélique, moins distraite par des images parasites, mais on se dit qu’ils auraient pu se contenter de voiler ou de déplacer les œuvres qui ne leur plaisaient pas, sans s’acharner pareillement à détruire la mémoire et le legs des siècles qui les avaient précédés.

Les intentions pieuses qui ont mené aux vertueuses destructions des iconoclastes protestants du XVIe siècle sont évidemment très différentes de celles des voleurs qui ont dérobé en 2008 la pièce la plus précieuse du trésor de la cathédrale, une croix byzantine supposée contenir une relique de la vraie croix, mais le résultat des deux actions est finalement le même : tout cela est perdu pour le public. La possibilité d’un contact concret, vivant, avec d’autres mentalités et d’autres points de vue que les nôtres s’évapore. Et nous nous retrouvons plus qu’avant enfermés dans les certitudes et les polémiques du présent, en perdant la notion de leur relativité, du fait qu’elles sont destinées, elles aussi, à passer.

Soit dit en passant, les gardiens du trésor de la cathédrale ont peut-être été traumatisés par le vol de 2008, ou alors ils avaient d’autres soucis lors de mon passage (la préparation de la liturgie du lendemain, m’a dit une dame à travers la porte vitrée), mais toujours est-il qu’en me présentant deux fois pendant les heures de visite, je ne suis jamais arrivé à entrer. Je vous en parlerai donc dans un prochain article, si le ciel et les besoins de la liturgie sont favorables et permettent l’ouverture du local à ce moment-là.

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Que se passe-t-il lors de l’envoi d’un e-mail ?

Un peu d’histoire…

Raymond Samuel Tomlinson
(1941-2016)

L’invention du courrier électronique trouve ses origines lors de la création du réseau ARPANET. Inventé par Ray Tomlinson en 1971, ingénieur diplômé de la prestigieuse école MIT (Massachusetts Institute of Technology). L’email constitue aujourd’hui une grande part de notre communication quotidienne.

Auparavant, il était possible d’envoyer des messages, mais ces derniers ne pouvaient être envoyés qu’à des utilisateurs du même domaine et sur le même appareil que celui ayant préalablement servi à l’envoi. Un nombre de contraintes restreignant de fait, l’utilité du mail.

L’idée de Ray Tomlinson fut de créer, outre les applications dédiées à l’envoi et à la lecture des messages, des protocoles d’envoi et de réception utilisant le réseau ARPANET.

Il ne restait plus qu’à trouver un moyen de différencier le nom d’utilisateur du nom de domaine afin que la machine puisse délivrer les messages à la bonne adresse. Ainsi est née l’adresse mail telle que nous la connaissons aujourd’hui, avec une arobase (@).

Pourquoi l’arobase ? Ray Tomlinson avait noté que ce caractère n’était présent dans aucun nom propre et, point primordial, dans aucun nom d’entreprise.

Mais alors, quel mécanisme cet ingénieur en informatique a-t-il mis en place pour créer cet outil ?  Quelles sont les différentes étapes lors de l’envoi d’un email ? Réponses à suivre !

Comprendre l’échange d’informations

Avant toute chose, il est important de comprendre les différentes structures permettant l’échange d’informations. Plusieurs leviers existent et forment l’architecture du réseau internet.

a) Réseaux et IP (Internet Protocol)
Les emails existent et transitent grâce à un réseau informatique. Ce réseau est en réalité un maillage d’ordinateurs permettant de transporter des informations mais aussi de reconnaitre les machines entre elles.

Pour se reconnaître entre elles, les machines utilisent une adresse IP. Il s’agit d’une suite de chiffres qui font office de « carte d’identité » ou de numéro d’identification. Un ordinateur possède ainsi une adresse IP qui lui est propre au même titre qu’un site internet par exemple.
Les adresses IP se présentent de cette façon : 218.95.135.170

Les sites internet ont aussi des adresses IP gérées par des serveurs DNS (Domain Name Server) qui indiquent à quelle adresse le site est publié. Ainsi, lorsque vous souhaitez afficher un site web dans votre navigateur, votre ordinateur interroge ce serveur afin de savoir où se situe l’URL (Uniform Resource Locator, par exemple : http://www.ajpbe-vbbjpp.eu) que vous souhaitez atteindre.

b) Serveurs et Protocoles
Revenons quelques instants sur ces serveurs. Nous évoquions précédemment le rôle des serveurs DNS dans l’établissement du « dialogue » entre site internet et ordinateur. Il existe de nombreux types de serveurs permettant de répondre à des requêtes précises.

Dans cet article nous nous intéresseront particulièrement aux serveurs en place lors du processus d’envoi d’email.

Les serveurs propres aux envois et réceptions de courriels, ont un fonctionnement similaire à celui de la Poste. Ils garantissent le formatage, le contrôle et le transfert du message de l’expéditeur au destinataire.

Les protocoles représentent les flux permettant à deux serveurs de communiquer entre eux. En fonction des requêtes et des serveurs, des protocoles particuliers sont utilisés. Par exemple pour l’envoi d’un mail on utilise le protocole SMTP (Simple Mail Transfer Protocol) tandis que pour récupérer un mail, c’est le protocole IMAP (Internet Message Access Protocol) ou POP (Post Office Protocol) qui prime.

Maintenant que nous avons bien saisi les différents acteurs dans un processus d’envoi de mail, il ne reste plus qu’à comprendre les étapes qui structurent cette action normalisée. Continuer la lecture

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Luxe, culture et ambitions, manuscrits de la Cour de Bourgogne à la KBR

texte et images D. LYSSE ©


Depuis la mi-septembre, on peut voir exposés à l’Albertine (ou KBR), au Mont-des-Arts à Bruxelles, une vaste sélection de manuscrits enluminés provenant de la cour de Bourgogne, dont la bibliothèque était une des plus fameuses d’Occident à la fin du Moyen-Âge.

Étrange destinée que celle des ducs de Bourgogne ! Issus d’une branche cadette de la famille royale française, sans espoir de régner jamais à Paris, ils avaient mis à profit les troubles de l’interminable Guerre de Cent ans pour tenter de se constituer un royaume personnel, entre Dijon et Bruxelles, capitales du leurs territoires du sud et du nord. Ils ont utilisé à cette fin tous les moyens du bord, licites et moins licites : mariages, diplomatie, guerres directes et indirectes. Ils se retrouvaient parfois alliés de l’une ou l’autre faction française, parfois liés aux Anglais, ou lorgnant du côté de l’Allemagne ou de la Suisse.

Ils entretenaient une propagande très active, où tenaient en bonne place le faste de la cour, la culture ou l’industrie du luxe. Leurs extravagances vestimentaires ou culinaires ont, un moment, donné le ton à toute l’Europe.

Les manuscrits exposés à l’Albertine nous offrent sur cet univers d’intrigues, de guerres et de prestige des vues inhabituelles, plutôt intimistes. Un livre copié à la main sur du parchemin est en effet d’une moins grande diffusion et d’un usage plus privé qu’un portrait officiel, qu’une représentation funéraire ou qu’un retable d’église. Il laisse donc une marge de liberté plus grande aux commanditaires et aux artistes.On le remarque d’emblée dans les marges décorées des textes et des vignettes, qui proposent à l’œil, avec une virtuosité joyeuse, toutes les chimères et tous les monstres qu’on peut attendre de la fin du Moyen-Âge, dans des lacis d’arabesques et de végétations de fantaisie (ill. 1). Mais le plus officiel des recueils de blasons peut, lui aussi, tourner au défilé fantastique, quand les écus sont surmontés de heaumes d’apparat ornés des animaux et des personnages les plus divers, de plumets interminables ou de crinières (ill. 2). Quant aux chapeaux des dames, ils n’avaient rien à leur envier (ill. 3) !

Les ouvrages religieux sont nombreux et, comme à Angers, l’apocalypse et sa promesse d’un jugement imminent des mauvais a fasciné et rassuré en ces époques troublées (ill. 4). La violence des temps transparaît également dans la sélection d’images civiles. On y voit des flagellants défiler en manifestant ostensiblement leur contrition pour demander au ciel que se termine la terrible peste noire du XIVe siècle (ce genre de médication finissait malheureusement parfois en pogroms et en massacres, pour évacuer sur les Juifs et autres étrangers ou marginaux la frustration de se trouver impuissants face à l’épidémie) (ill. 5). On voit aussi des batailles rangées, des corps à corps brutaux, ou alors des départs d’armées encore flamboyantes dans l’éclat du protocole.

On trouve, dans une autre section, un large témoignage de la vie littéraire de l’époque. Du beau et du moins beau monde. Le Roman de la Rose ou Christine de Pisan y côtoient Villon, le réprouvé, devenu « maître François Villon » pour l’occasion. L’anatomie apparaît sous forme d’une curieuse planche où chaque partie du corps est sous la gouverne d’un signe du zodiaque (ill. 6). L’histoire (romancée) comprend la geste d’Alexandre, où on le voit combattre un monstrueux « olifant à trois cornes » dans les lointains territoires orientaux (ill. 8). Et la géographie s’expose dans un volume énorme illustrant Ptolémée, où l’Afrique se peuple de lions, de girafes, de serpents, de pygmées batailleurs et aussi de dragons (ill.7) : sait-on jamais, puisque ces êtres ailés à écailles étaient attestés partout, il fallait bien qu’ils aient vécu quelque part…

La présentation de toutes ces œuvres de taille réduite est impeccable et, c’est bien un des rares bénéfices du coronavirus, on aura tout le loisir de les admirer en cette fin d’année : les visiteurs sont admis au compte-goutte pour éviter la contagion. On ne se bousculera donc jamais devant les pages ornementées.

Seul petit bémol : les commentaires qu’on peut obtenir en touchant un écran avec un badge sont désespérément lents à apparaître, ce qui décourage leur consultation systématique. À cette réserve près, c’est un extraordinaire voyage dans le temps qui s’offre là, vers une époque où la culture, grande ou petite, a fait office d’étendard (et parfois d’ersatz) pour un projet politique jamais bien assuré, qui s’effondrera après quelques générations prestigieuses.

Nb : Pour mieux apprécier le détail d’une photo, appuyez dessus avec la souris et elle s’affichera dans une autre fenêtre de votre navigateur.

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Georges Hacquin a pris son dernier départ ce 8 avril 2020 !

Pour lire tout le texte rédigé par Ingrid De Jonge appuyer ici

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Le Trésor d’Oignies, témoin de trois vies hors du commun

Texte et photos : D. Lysse

Le Trésor d’Oignies, classé parmi les « sept merveilles de Belgique », a longtemps été hébergé dans un endroit totalement confidentiel, dans une salle du couvent des Sœurs de Notre-Dame, à Namur. Le lieu, pas très adapté, mais avec le charme intimiste des recoins un peu secrets, avait été surnommée par dérision « le plus petit musée du pays ». Cédé à la Fondation Roi Baudoin en 2010, cet ensemble d’orfèvrerie du XIIIe siècle, comprenant une quarantaine de pièces en lien avec le même artiste, est maintenant exposé dans des conditions optimales, au Musée des Arts anciens du Namurois.

En plus de sa grande qualité artistique, la particularité de cet travail resplendissant d’or et de pierreries est qu’il nous offre la trace tangible et concrète de plusieurs trajectoires totalement exceptionnelles, d’autant plus exceptionnelles que les intéressés ne faisaient pas partie des puissants. Au fil des vitrines et des panneaux ou écrans explicatifs, on est ainsi amené à se pencher sur la vie de trois personnes qui ont su forger leur destinée propre dans une société féodale qui ne faisait pas toujours grand cas de la liberté individuelle.

La première de ces personnalités hors normes est une Nivelloise, une certaine Marie. Elle fait partie de cette bourgeoisie urbaine qui commence à s’émanciper de la tutelle de l’aristocratie militaire. Depuis très jeune, Marie se sent une vocation mystique, mais, au XIIe siècle, une jeune fille ne décide pas de son destin. Elle a toutefois du caractère, elle sait ce qu’elle veut et elle arrive rapidement à convaincre l’époux qu’on lui a donné de vivre chastement et de se dévouer avec elle aux soins aux malades, surtout aux lépreux, sujets d’horreur pour tous, en ces temps où l’on était démuni devant la contagion.

Elle s’impose une vie quotidienne faite de privations extraordinaires en l’honneur du Christ et consacre ses moments libres à la prière et à la contemplation. Sa réputation de simplicité et de sainteté, ainsi que les guérisons miraculeuses qu’on lui attribue peu à peu, lui attirent beaucoup de monde, ce qui finit par créer du désordre. Avec l’accord de son mari, elle se retire alors dans un petit béguinage, à Oignies. Remarquons au passage que le béguinage était l’endroit, dans nos contrées, où la femme vivait alors le plus librement, sans les règles et la hiérarchie stricte du couvent, et aussi loin que possible de la tyrannie masculine.

C’est ici qu’intervient le deuxième personnage de ce trio : un certain Jacques, né à Vitry, étudiant en théologie à Paris  : la crosse de Jacques de Vitry). Attiré par la réputation de la sainte et par le récit de ses miracles, il délaisse les controverses savantes de la capitale française pour s’installer à Oignies et vivre la religion de manière plus intense, moins froidement intellectuelle que dans les écoles. Il reste attaché au lieu aussi longtemps que vit la sainte, qui le convainc toutefois de terminer son cursus et d’être ordonné prêtre pendant cette période. Après le décès de son inspiratrice, il rédige une biographie de Marie.

Mais Jacques de Vitry n’a pas vraiment le tempérament contemplatif de Marie. Au vu de leurs carrières respectives, on peut même supposer qu’elle le fascine plutôt par attraction des contraires. Il est pieux, mais sa religion à lui doit être vécue dans l’action, en pesant concrètement sur le cours du monde. Plutôt que de martyriser son corps pour essayer de venir à bout du diable et du péché originel biblique en lui-même, il préfère combattre le diable à l’extérieur, sous la forme des ennemis de la foi.

On le retrouve d’abord dans le nord de la France, à prêcher la croisade contre les Albigeois, puis il prêche un peu partout la cinquième croisade, vers ce Moyen-Orient où se trouvent les lieux saints chrétiens. Il se révèle excellent prêcheur. Il est passionné, enflammé, et surtout, de façon très novatrice pour le clergé de l’époque, il adapte son niveau de langue à son public, il s’exprime dans un langage imagé, accessible, nourri d’anecdotes et de fables, bien propre à émouvoir des groupes et des grandes assemblées. Sa réputation s’accroît vite et, de promotion en promotion, il est nommé évêque d’Acre, en Palestine, où l’Eglise a besoin de telles personnalités charismatiques, tournées vers l’action, et où sa fougue et ses initiatives perpétuelles risquent moins de créer du désordre.

En Orient, il déploie son énergie habituelle, il circule jusqu’en Egypte pour prêcher dans les enclaves chrétiennes, il chevauche avec les armées. Après une dizaine d’années et la déconfiture de l’expédition militaire, il écrit un livre sur ses expériences et ses voyages, et il obtient de pouvoir revenir en Europe. Après quelques nouveaux épisodes mouvementés, il finira sagement cardinal en Italie. A son décès, à Rome, il demandera à être enterré à Oignies, à côté de Marie, et il lèguera ses effets personnels au prieuré, qu’il n’avait cessé, sa carrière durant, d’approvisionner en moyens financiers, en reliques et en matériaux divers, pour rendre plus illustre le lieu où vécut la mystique nivelloise.

A partir de 1222 et jusqu’après la mort de Jacques de Vitry en 1240, une question se pose au prieuré d’Oignies, qui est un petit patelin en pleine campagne, pas loin de Namur : comment gérer cet afflux de richesses, d’argent, d’or, de reliques, de pierreries et de curiosités exotiques, émaux et verres byzantins, égyptiens ou syriens ? A qui confier la fabrication des châsses, reliquaires et objets liturgiques souhaités par Jacques de Vitry ?  C’est là qu’intervient le troisième personnage, lui aussi sorti à peu près de nulle part : frère Hugo.

Il est de la noblesse, lui : cadet des seigneurs de Walcourt, mais de cette noblesse trop peu importante pour pouvoir offrir titres et apanages à tous ses cadets. Il se retrouve donc religieux à Oignies, dans un prieuré fondé et doté par son frère aîné. C’est quelqu’un de lettré, qui a acquis les connaissances nécessaires pour le poste qu’il va occuper, et il a visiblement suivi une formation complémentaire plutôt pratique, tournée vers l’orfèvrerie et l’enluminure, quelque part dans la région mosane.

Il n’a pas un tempérament mystique comme Marie, il n’imaginerait sans doute pas faire des miracles par des débordements de piété, mais ce n’est pas non plus un homme d’action, un caractère tempétueux et flamboyant, comme Jacques de Vitry, qui se serait morfondu de se retrouver ainsi enfermé dans une étroite carrière ecclésiastique dans un petit établissement rural. Hugo honore le ciel à sa façon, par l’esthétique, en ornant des manuscrits de la Bible et du matériel liturgique.  Une voie qu’avait prônée, un peu plus tôt, en France, Suger, abbé de Saint-Denis, constructeur de la toute première cathédrale gothique, qui devait se défendre d’accusations de distraire le fidèle en frivolités et de dilapider les moyens et les énergies en dépenses de luxe.

Le frère Hugo est conscient de la très grande beauté de ses réalisations, il signe fièrement ses plus belles pièces ou même s’y représente les offrant au Seigneur. Mais il n’est pas snob ni à l’affût de la mode. Il ne se veut ni l’ambassadeur ni le promoteur des dernières nouveautés de l’iconographie et de la technique, comme a pu l’être Suger, toujours à la pointe de l’avant-garde. Son écolage à lui est un peu daté, provincial, archaïsant, encore proche du roman, et son art sera la dernière grande réalisation, dans la région, de l’orfèvrerie venue du temps lointains des tribus germaniques, qui privilégiaient le remplissage, les cabochons brillants, les marqueteries de pierres ou d’émaux de couleur, les monstres bizarres, les entrelacs et les rinceaux.

Pas trop loin d’Oignies, les œuvres de Nicolas de Verdun, visibles dans la cathédrale de Tournai ou dans celle de Cologne, réalisées une génération ou deux avant celle d’Hugo, sont beaucoup plus modernes, avec leurs grands personnages qui tendent à se libérer du fond, posés dans des espaces architecturés où l’ornementation reste subordonnée. Hugo ne les a pas vues, ou alors il a senti que ce n’était pas sa voie, que rien ne servait d’essayer de monter à toute force dans le train en marche. Mais ce n’est pas un conservateur dogmatique pour autant : il ne se montre pas hostile à la nouveauté, il en prend seulement ce qu’il peut assimiler. Au fil des ans, il voit probablement passer des manuscrits, des petites statues et des autels portatifs ornementés dans le goût nouveau et il sait s’adapter, avec son atelier, pour produire des pièces gracieuses, purement gothiques, comme cette merveilleuse colombe destinée à recevoir une relique un peu insolite liée au lait de la Vierge (voir ill. 1).

Ceci dit, l’essentiel de l’art d’Hugo est ailleurs, et il s’y tient. Il est expert pour trouver un équilibre entre la forme générale de sa pièce et la tentation de l’enrichir de façon tape-à-l’oeil en la couvrant de pierreries, d’émaux ou de camées de récupération. Il va exceller dans les dessins sur des plaques d’argent niellées et dans les estampages (ill. 6). Mais

© Musée des Arts anciens du Namurois

surtout, il va porter à un degré extraordinaire la science des filigranes, des ornements en spirales et en vrilles, en motifs filiformes couverts de gouttelettes de métal doré qui les feront resplendir en renvoyant la lumière de tous les côtés. De loin, toute cette dorure s’unifie sans rompre l’agencement de l’ensemble, et il faut approcher pour y retrouver cachés de minuscules scènes de chasse, des plantes et des animaux familiers, des petits personnages.

Ce soin presque maniaque dans les détails et cet équilibre parfait entre la composition générale et les ornements ont engendré une des manifestations les plus raffinées de l’orfèvrerie « barbare » qui était venue de la steppe avec les grandes invasions. Mais c’est aussi son chant du cygne : quand l’atelier d’Oignies s’éteindra avec la disparition des finances de Jacques de Vitry et avec celle d’Hugo, la tradition de l’ornementation pure s’évanouira peu à peu en Occident. Le gothique, même flamboyant, soumettra ses extravagantes volutes à l’architecture, et les figurations humaines ou animales, de plus en plus en plus indépendantes, y demanderont vite des représentations de l’espace moins compactes, moins encombrées, moins saturées de la lumière dorée du Royaume des Cieux, un espace où l’air du monde civil peut circuler.

Sans l’art du frère Hugo, la mémoire de Jacques de Vitry se serait sans doute étiolée, et sans les exploits et l’énergie de Jacques, il n’y aurait pas eu Hugo. Et sans Marie, aucun des deux n’aurait jamais été ce qu’il fut. Mais chacun, à sa manière, dans son domaine, a réalisé son destin avec une forme d’honnêteté inébranlable vis-à-vis de son être profond et avec une incroyable perfection, en un temps et en des lieux qui laissaient pourtant très peu de place à l’aventure individuelle pour ceux qui n’étaient pas issus des milieux les plus aisés.

C’est ce qui rend la collection du musée de Namur unique, touchante, au-delà de sa richesse d’apparence : loin d’être un assemblage anonyme d’objets de luxe venus d’un très lointain passé, elle est un témoignage vivant, personnalisé, de la diversité des destinées possibles. Elle témoigne aussi des liens étroits que des caractères que tout semble opposer peuvent parfois tisser entre eux pour se grandir les uns les autres. Accessoirement, elle souligne la complexité de l’aventure humaine, elle force à méditer sur les relations étranges qui peuvent lier la mystique la plus contemplative, à la limite de l’auto-destruction, l’aventure politico-militaire, à la limite de la destruction du voisin, et les aboutissements purement esthétiques, quand l’un semble mystérieusement engendrer ou faire éclore l’autre.

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Maison du Roi et Musée de l’Erotisme

Texte et photos : D. Lysse

Pour agrémenter une balade au coeur de Bruxelles, entre la Grand-Place et le Sablon, voici deux propositions de visites de musées d’une taille relativement modeste, dans des registres totalement opposés : l’un est plus classique et présente des documents variés relatant l’histoire mouvementée de la capitale, l’autre est plus imprévu et montre une vaste collection centrée sur l’érotisme.

Le premier, appelé familièrement la « Maison de Roi », n’est plus à présenter. Sa pittoresque silhouette néo-gothique, face à l’hôtel de ville, est connue de tous ceux qui ont mis le pied à la Grand-Place (ill. 1). Mais si tous les Bruxellois et beaucoup de Belges en connaissent la façade, peu en poussent la porte : on visite plutôt des musées en voyage ou en excursion, quand on a des loisirs, mais rarement près de chez soi, où d’autres urgences et propositions nous accaparent. L’édifice abrite pourtant un établissement public attachant, le « Musée de la Ville de Bruxelles ».

Pour ceux qui aiment l’architecture, l’occasion leur sera donnée de retrouver ici les originaux de beaucoup de ces éléments de décoration que les touristes prennent volontiers en photo, à la Grand-Place ou ailleurs dans la capitale, mais qui sont le plus souvent des copies du 19e ou du 20e siècle, réalisées pour prendre la place d’œuvres abîmées ou devenues trop fragiles.

C’est dans la Maison du Roi qu’on peut ainsi voir l’authentique Saint-Michel du sommet de l’hôtel de ville, remplacé lors de la restauration récente, ou certains ornements baroques qui ont dû être reconstitués sur les façades des maisons des corporations, ou alors, plus étranges, quelques unes des figures grotesques qui soutiennent la corniche du chœur roman de Notre-Dame de la Chapelle, la plus ancienne église de Bruxelles (ill. 2).

On peut aussi y apprendre la signification de plusieurs des représentations pittoresques qui ornent les socles des statues et les chapiteaux de l’hôtel de ville. De façon assez amusante, ces sculptures ne font référence à aucun programme ambitieux, politique ou éducatif. Elles évoquent plutôt les noms de différents cabarets qui étaient logés dans les caves de l’hôtel de ville ou bien dans les maisons expropriées pour la construction de la tour et de l’aile droite.

Si on voit sur la façade de ce prestigieux bâtiment officiel tant de moines qui boivent et qui ripaillent (ill. 3), c’est parce qu’il y avait là un bistrot portant un nom du genre « la cave des moines ». De même pour le chapiteau avec des Noirs en turban : il surplombait l’emplacement de la « taverne du maure ». Le curieux chapiteau où des gens manipulent des chaises avec des pelles (ill. 4) serait, lui, issu d’un jeu de mots en flamand sur le supplice de l’estrapade, qui se pratiquait, semble-t-il, à peu près en face de cet endroit. On voit que l’art de Brueghel, avec ses proverbes, sa verve populaire et ses jeux de mots soigneusement illustrés, a des racines très profondes.

L’estrapade, soit dit en passant, consistait à jeter du haut d’un mât un condamné, en lui attachant les bras derrière le dos avec une corde reliée au sommet du mât. Cette corde empêchait le malheureux de s’écraser au sol mais lui déboîtait les épaules et lui arrachait à moitié les bras au passage, puis le bonhomme était remonté et jeté à bas autant de fois que le jugement l’avait prescrit. Il y avait des variantes où l’arrachage des épaules s’effectuait à l’aide de machineries : on faisait (et on fixait dans la pierre) des jeux de mots et des blagues à propos de choses bien étranges, au 15e siècle !

Au fil d’autres salles, sont évoquées l’apparition, la floraison puis, souvent, la disparition de divers artisanats et industries de luxe qui ont fait, en leurs temps, la renommée et la richesse de la ville : tapisseries, retables ou porcelaines. On suit également, grâce à des plans, peintures et maquettes, les grands travaux d’urbanisme aux époques des ducs de Bourgogne, de Charles de Lorraine, du voûtement de la Senne ou du creusement de la jonction ferroviaire Nord-Midi. Dans un registre plus tragique, on voit aussi les souvenirs des grandes catastrophes qui ont contribué à modeler le paysage urbain : la destruction de la ville basse, populaire, par Louis XIV, en 1695, ou l’incendie, accidentel, celui-là, du vaste palais des ducs de Bourgogne, dans la ville haute, seigneuriale, en 1731.

La visite constitue une manière agréable de reparcourir en pensée des lieux connus, de les voir changer avec les époques, avec les grands décisions d’urbanisme et les accidents historiques, les guerres ou les incendies. C’est l’occasion de redécouvrir la ville et de la regarder d’un autre œil. Continuer la lecture

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De Bruxelles à Beersel et Hal

Vers un joyau gothique, le long du canal.

1° Bassin de batelage.
© D. Lysse

Pour ceux qui veulent marcher aux environs de la capitale, on peut recommander d’aller de Bruxelles à Hal, le long du canal. Cela représente une quinzaine de kilomètres. Le départ de la promenade se fait au square Vandervelde, un nœud de lignes de bus et de trams, à Anderlecht. Il faut alors longer à distance, pendant quelques centaines de mètres, le vaste bassin de Batelage (ill. 1), en contournant des entrepôts, puis on se retrouve au bord de l’eau jusqu’au bout du trajet. Attention, il faut prendre la rive droite en quittant Bruxelles : le chemin de halage à gauche est actuellement en travaux sur la plus grande partie du trajet.

Le canal vers Lot.
© D. Lysse

Après quelques kilomètres, la voirie est réservée exclusivement aux piétons et aux cyclistes. Très urbain et industriel au début, le paysage se fait plus bucolique à mesure qu’on avance (ill. 2), le parcours étant rythmé par la succession des écluses. Pour les bons marcheurs (munis d’une carte routière), une extension de la promenade est possible à l’écluse de Lot, jusqu’au château de Beersel, situé à deux kilomètres et demi 

Château de Beersel.
© D. Lysse

seulement, du côté gauche. Le bâtiment date du moyen-âge, il est quasiment vide à l’intérieur et vaut surtout pour le coup d’œil, pour sa silhouette pittoresque, en briques rouges (ill. 3), et pour la campagne environnante, particulièrement jolie et sillonnée de chemins balisés.

Arrivée à Hal.
© D. Lysse

En arrivant à Hal, le dernier kilomètre du chemin de halage est le plus beau. Il est resté pavé, bordé de hauts arbres, avec la tour de la collégiale qui se profile au bout de la perspective (ill. 4). Ceux qui sont fatigués de la marche ou pressés de rentrer à Bruxelles trouveront la gare le long du canal. On ne saurait assez recommander aux autres de visiter la Basilique Saint-Martin

Basilique Saint-Martin de Hal.

de Hal, une très ancienne église de pèlerinage, qui reçut au fil des siècles de nombreuses donations, et dont la décoration gothique est l’une des plus riches parmi les églises du Brabant (ill. 5).

La tour de la Basilique de Hal.
© D. Lysse

L’édifice a eu la chance de ne pas avoir subi les saccages d’œuvres d’art qui ont accompagné, au XVIe siècle, la période iconoclaste protestante. On voit encore, sous la tour, à droite en entrant, les boulets de canon envoyés par une petite armée protestante bruxelloise, qui a fini par se décourager devant la résistance locale. Ce retrait fut attribué à l’action protectrice de la vierge miraculeuse, une statue de la vierge allaitante apportée au XIIIe siècle par Elisabeth de Hongrie,

6° la Vierge miraculeuse.
© D. Lysse

belle-mère d’un duc de Brabant de l’époque. La statue, dit la légende, en serait restée noircie par la fumée des canons dont elle interceptait les projectiles (ill. 6).

7° détail à l’extérieur.
© D. Lysse

A l’extérieur comme à l’intérieur de l’église, la décoration est très riche. Dehors, c’est une douce et gracieuse vierge gothique qui accueillait les pèlerins au milieu du portail à droite de la tour. Mais, tout autour de l’édifice, il faut aussi observer ces socles pour statues, qu’on appelle cul-de-lampes. La tradition voulait que l’imagerie intérieure d’une église évoque seulement le sacré, le ciel et les enseignements moraux. Mais à l’extérieur, la décoration était plus libre d’évoquer le monde trivial, ce monde où les fidèles sont tentés ou effrayés par les mille inventions du diable, ce qui permettait aux sculpteurs de laisser voguer beaucoup plus librement leur imagination (ill. 7).

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‘The quaint quarantine’: ‘My God, I see everything is better here than in Europe’

TTO – Vietnam tour was turned upside down because of COVID-19 but in return, many foreign visitors received a surprise: many business owners welcomed and isolated them in luxurious resorts.

© THAI BA DUNG A group of French and Belgian tourists of 18 people today are isolated in a private resort at 252 Cua Dai, Hoi An – Photo: BD

For many days, the 5-star Hoa Co resort is located at 252 Cua Dai Street, Hoi An Ancient Town (Quang Nam).
« Happy isolation »
10am, 18 guests gather in the pool area next to the spacious villas, flowers blooming aisle. One holds a book lying by the pool to relax, another holds the phone to capture the funny « isolation » moment of your friends. Under the pool another group of people dived. At first glance, no one thought that the European visitors were being quarantined because of the COVID-19 epidemic.

© THAI BA DUNG 4-star resort Hoi An Beach at 1 Cua Dai (Hoi An) is one of 3 high-end resorts used as a place to isolate foreign guests because of COVID-19 – Photo: BD

« We went through very different moments. From the excitement of coming to Vietnam to the anxiety of knowing we were flying with people infected with COVID-19. But by this time it was really lucky because at least We are still resting in a luxurious place « – said Jan Bleyenberg – Head of 18 guests from Europe.
According to Jan, his friends are mostly retired. The group schedule a flight together to Hanoi, enter Hue and plan to visit Hoi An, Da Nang, Ho Chi Minh City and then stop the last leg at Phnom Penh (Cambodia) to end the holiday.
But everything suddenly changed when the flight from Europe to Hanoi on 9-3 had COVID-19.

© THAI BA DUNG Incredibly surprised by being isolated in the resort for free, the European group cheered and applauded to thank the owner of the property, Mr. Nguyen Thanh Sang (far right) – Photo: BD

A few days after coming to Vietnam, while in Hue, the delegation was informed by the authorities to be isolated. Everyone was shocked but forced to follow the guide to Hoi An.
« I will honor you and Vietnam on the front page »
Interestingly, the team leader Jan Bleyenberg was a journalist. He has just retired and is currently an advisory member of the Belgian Journalists Association. Witnessing what in Vietnam that he and 17 friends are going through, Mr. Jan hugged Hoa Co resort owner Mr. Nguyen Thanh Sang and shouted: « Great Vietnam! My God, even I see here every things are better than Europe, the weather is nice, the food is good, the quarantine is luxurious, there is a swimming pool, luxurious rooms and we don’t feel any trouble other than being a little inconvenient. go out for a walk.  »
Mr. Jan looked at the owner of Hoa Co resort and promised: « Back to Belgium I will have an article and a photo of you on the front page of the newspaper that I am working with. We will never forget this special trip. » .

© THAI BA DUNG Isolation at the resort for foreigners in Hoi An – Photo: BD

Hoa Co is one of two privately-owned luxury resorts in Hoi An that is welcoming foreign guests influenced by COVID-19 into isolation. Mr. Nguyen Thanh Sang said everything started from 3am on 12-3. A group of British tourists come to Quang Nam to travel and fly on flight VN0054. When leaving Quang Nam, this group of tourists was refused to leave Danang.
« Around 2-3 am, I was sleeping when a leader of Hoi An City called me to offer to open the resort to accept the other 4 British guests because all the other resorts refused » – Mr. Sang said.

© THAI BA DUNG European group with the owner of Hoa Co resort – a place to receive free isolation and take a group photo

Twilight on the morning of 12-3, the bus carrying 4 guests to serve the delegation was to Hoa Co resort. Mr. Sang said from the time of arrival, his staff had helped them settle down, the 3 most spacious and luxurious villas that had been reserved by the guests – reserved for 4 British guests and the group members. glass.

 

© THAI BA DUNG Relaxing, working and chatting place of isolated guests in Hoa Co resort (Hoi An) – Photo: BD

 

But not only this group, two or three days later the Hoi An government asked him to open the room with 18 guests from Belgium, France and three members of the delegation to stay in Hoi An in isolation.
Without hesitation, once again Hoa Co resort opened its door to welcome the poor guests. The days of « stuck » in Hoi An, although not out, but all guests in isolation were dedicated service is no different than in a luxury vacation.

© THAI BA DUNG Luxury isolation area and fun, like a holiday – Photo: BD

« They are so poor. I said nothing but complained and asked nothing. When they left the hotel, they left a letter to express their gratitude. They said they would never forget where they were staying, » Can not forget Hoi An was pregnant and one day they will come back « – Mr. Sang said.
Set aside the best place to « offset » stormy trips for guests
Along with the story of Mr. Nguyen Thanh Sang, dozens of foreign guests « trapped » by COVID-19 are also being welcomed and served at a high-class resort in the coconut forest of Cam Thanh commune (Hoi An).
This is a luxury resort, the average cost per room from 1 to 1.5 million. However, the owner has decided to accept foreign guests to quarantine and care here. From the moment guests arrive, there are always people around, blocking to disinfect and protect people from entering and leaving.

© THAI BA DUNG Coco River Resort Hoi An luxury resort also voluntarily opened to welcome international visitors into isolation – Photo: BD

At the preliminary meeting of the 10-day peak on anti-epidemic, Quang Nam People’s Committee Chairman Le Tri Thanh said – these difficult times need people, businesses and the government to open arms to support tourists. .
« The tourists themselves come to Hoi An to travel, when normally they bring jobs. Now in the epidemic they have suffered a lot of damage, so we have to welcome them to take part of the damage. show your heart « – Mr. Thanh said.

 

THAI BA DUNG

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A la recherche de l’Adjudant Bourgois du 19ème BCP

Un peu partout en Belgique, comme ailleurs, plusieurs cérémonies sont organisées, le 11 novembre, en présence d’autorités civiles et militaires. La majorité des reportages et autres articles de presse vont relater ces événements en ayant une pensée pour les anciens combattants qui ont participé à cette grande boucherie qu’a été la première guerre mondiale.
Pour tous ces jeunes gens cela devait être la « der des der », c’était sans compter sur une bande d’idiots n’ayant pas digéré la victoire des Alliés et le Traité de Versailles. La seconde guerre mondiale couvait déjà…

En parlant de « pensée pour les combattants de 1914 – 1918 », un nom me revient en mémoire, celui de l’Adjudant Bourgeois du 19ème Bataillon de Chasseurs à Pied. Cette unité française est venue, à cette époque, combattre dans notre beau Royaume.
J’ai passé beaucoup de temps avec cet Adjudant, voici pourquoi…

Le carnet de marche du 19ème BCP nous apprend qu’il est arrivé en Belgique par Adinkerke le 22 octobre 1914 :
« – Ypres est abordée en pleine nuit. Les habitants ont fui sous le premier bombardement, la ville est complètement déserte, le quartier de la gare brûle, des lueurs d’incendies inondent le ciel jusqu’aux abords de la cathédrale, au-dessus de nos têtes sifflent, en passant, les obus ».
Ainsi vue, avec ses halles sinistrement éclairées, la célèbre place d’Ypres revêt, dans cette nuit d’horreur, un aspect d’une grandeur tragique et impressionnante, que n’ont jamais pu oublier ceux qui en furent les témoins. Au grand jour seulement le 19ème BCP atteint Kruisstraathoek. Il y prend quelques heures de repos, puis, à midi, se remet en route, par Dickebusch, pour Mille-Kruis, il y passera la nuit du 9 au 10 novembre 1914 ».

Quelques pages plus loin, nous lisons ceci :
«L’offensive ennemie du 10 novembre avait rejeté tous nos éléments de la rive droite, nous recevons mission de nous y rétablir, et, quand nous quitterons Steenstraat, le 29, la tête de pont face à Bixschoot sera reconstituée, avec quatre compagnies sur la rive droite».
A cette époque toute la 42ème D.I. se porte vers Ypres, le 19ème BCP marchant par Elverdinghe, Poperinghe, puis Vlamertinghe. Zillebeke – Dans les premiers jours de décembre, elle est en avant de Zillebeke, entre la route de Menin et celle d’Armentières. Vie de secteur active, pénible, sans repos, avec des tranchées encore rudimentaires, profondes en première ligne, mais sans boyaux, sans abris, et de l’eau partout. Le bataillon est d’abord dans les bois à l’est de Zillebeke (Butte aux Anglais), les opérations s’y multiplient, visant principalement le fortin de la côte 60. Au cours de l’une d’elles, le 17 décembre, l’héroïque adjudant Bourgeois, de la 1ère compagnie, illustre glorieusement la belle devise du bataillon : il emmène sa section à l’assaut au cri de « En avant toujours ». Il tombera aussitôt, mortellement frappé, et il achèvera le « Repos ailleurs ».

A cette époque, les français avaient ouvert un hôpital militaire dans la ferme Quaghebeur, du nom du fermier, à quelques kilomètres de là, à Poperinghe. Connut aujourd’hui sous le nom de Lijssenthoek Military Cemetery.  En effet après la France, cet hôpital fût agrandi par les Anglais. Il y a eu plus de 4000 lits. Un cimetière militaire fût ouvert devant la ferme où furent enterrés 10.784 militaires de 30 nationalités.
C’est à cet endroit que l’Adjudant Bourgeois a été évacué et y est mort quelques jours plus tard. Ensuite…. Son corps a disparu. Impossible de le retrouver.

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L’APOCALYPSE D’ANGERS

(Dominique Lysse)

ill1, l’Apocalypse d’Angers, vue générale

Quand on passe par Angers, il est d’usage d’aller y voir la tapisserie de l’Apocalypse. La visite peut être recommandée sans hésitation, même à ceux qui fréquentent peu les musées. L’œuvre est impressionnante : plus de cent mètres, sur deux registres, où sont illustrés en grand format les bruits et les fureurs qui accompagneront la punition des méchants et la récompense des bons à la fin du monde (ill. 1). Tous les âges, depuis les adultes et les érudits jusqu’aux enfants et aux adolescents, trouvent à regarder dans cette bande dessinée géante, pleine de fléaux, de monstres horrifiants et de tremblements de terre, encadrée d’anges musiciens, de petites fleurs et de petits lapins (ill. 2, 3).

La fascination qu’exerce ce travail gigantesque n’est pas très étonnante : le genre apocalyptique a le vent en poupe, actuellement, dans la littérature, le cinéma, les forums en ligne ou la propagande politique. Réchauffement du climat, surpopulation galopante, pollution des milieux naturels, perte de la biodiversité, migrations humaines désordonnées, bouleversements technologiques aux conséquences incontrôlables, sans parler de moins probables chutes de météores géantes et invasions de martiens, permettent un large éventail de spéculations sur de possibles fin du monde, ou, au moins, du monde tel que nous le connaissons.

ill2, la bête à la tête blessée

ill3, chute de Babylone (détail)

 

 

 

 

 

 

On n’a pas attendu notre époque pour mettre en scène, dans des récits exemplaires, les inquiétudes des peuples. Mais, par contraste avec nos angoisses contemporaines, ce qui frappe dans l’Apocalypse d’Angers, comme d’ailleurs dans les Apocalypses juives et chrétiennes dont elle dérive, c’est leur côté fondamentalement optimiste. Cela peut paraitre bizarre ou paradoxal pour des récits consacrés à la destruction universelle : malgré la succession de cataclysmes qu’elles relatent avec beaucoup de complaisance, les diverses Apocalypses sont pourtant des œuvres qui ont été conçues et réalisées pour remonter le moral des troupes dans des temps d’adversité. Regardons cela de plus près.

Dans les écritures juives

Le modèle de tous ces récits est sans doute le livre de Daniel, un texte rédigé en Palestine à l’époque où des souverains d’origine grecque, successeurs d’Alexandre le Grand, gouvernaient le Proche-Orient. Pour unifier leurs possessions, les nouveaux maitres menaient une politique d’hellénisation des différents peuples sous leur domination.

En répandant la culture grecque, ils donnaient à leurs administrés l’accès à des sciences et des techniques perfectionnées, à une langue de large diffusion ainsi qu’à des possibilités d’enrichissement lié au commerce international à très grande échelle. Cela leur permettait de se rallier assez facilement les élites et les marchands des différents territoires sous leur juridiction. Par contre, ils s’attiraient souvent la haine des clergés locaux, marginalisés et dépossédés de leur influence exclusive sur une société devenue cosmopolite. Il en allait régulièrement de même avec le petit peuple urbain et les habitants des campagnes, qui ne partageaient que de très loin l’éducation et la culture nouvelles, qui bénéficiaient peu des fruits de l’internationalisation, et qui étaient les premiers à souffrir en cas de problèmes économiques ou politiques aux causes parfois lointaines.

À Jérusalem et dans les territoires environnants, vers l’an 167 avant notre ère, un des souverains séleucides, Antiochos IV, dit « Épiphane », dans une volonté de diffuser la culture grecque de façon accélérée, avait fini par imposer la religion syncrétiste internationale comme une obligation légale. Il avait également proscrit le monothéisme juif, à la source d’un large mouvement de résistance : ses fêtes avaient été interdites, ses zélateurs les plus marquants étaient poursuivis, et le temple sur la montagne de Sion avait été réquisitionné pour le culte officiel. Avec un sens de la provocation et une maladresse remarquables, Antiochos avait même prescrit qu’on y fasse des sacrifices et des offrandes de viande de porc, provoquant finalement un soulèvement du peuple. La répression s’était abattue durement sur toute résistance, qu’elle soit plutôt de type religieux ou plutôt politique, ethnique ou nationaliste, ce qui, à l’époque (et encore maintenant…), était difficile à distinguer.

C’est à ce moment que parut un livre attribué à un prophète beaucoup plus ancien, Daniel, qui aurait vécu au temps de l’exil à Babylone, où étaient relatés, sous forme de rêves et de visions, la chute de Babylone, l’arrivée des Mèdes, des Perses puis des Grecs, puis, comme par hasard, l’essor d’un souverain grec particulièrement pernicieux. Ensuite, au moment où les forces étrangères et mauvaises semblaient triompher définitivement, l’auteur plaçait l’intervention divine, l’arrivée d’un « fils d’homme » envoyé par Dieu, qui ruinerait les grands empires, punirait les puissants et rétablirait les justes qui avaient gardé leur foi et leur identité à travers les persécutions.

Dans ce texte allégorique, aucun pouvoir n’était désigné clairement, par son nom ou par un autre signe directement reconnaissable : ils y apparaissaient sous la forme symbolique de statues qui surplombent le monde puis s’effondrent, d’arbres qui deviennent immenses puis finissent abattus, de bêtes monstrueuses, aux têtes multiples garnies de cornes douées d’une vie propre, qui dominent un moment les nations puis qui courent à leur perte. Les détails pratiques concernant cette chute des puissants, qui ne pourrait manquer de survenir, étaient gardés secrets, cachés dans un livre scellé. L’essentiel du message était ailleurs, dans la certitude de la fin prochaine des tribulations. L’actuel triomphe des méchants n’était qu’une part d’un plan divin concernant l’Histoire. Cette révélation (apocalypse signifie révélation en grec) devait permettre aux fidèles de retrouver courage et espoir dans l’adversité.

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Funérailles d’hiver de Hanokh Levin au Rideau de Bruxelles 08 > 23.01


Hanokh Levin, écrivain israélien hors normes

Voici dix ans, en février 2009, le théâtre du Rideau de Bruxelles (alors installé au Palais des Beaux-Arts) nous faisait découvrir le dramaturge israélien Hanokh Levin. Une révélation ! un théâtre dont nous ne savions rien ; un auteur dont le nom nous était totalement inconnu.

Lorent Wanson mettait en scène Yaacobi et Leidental, comédie féroce associant étroitement texte et musique : trois comédiens qui jouent et chantent, trois musiciens passant d’un instrument à l’autre. Nous nous rappelons combien nous avaient ébahie les trouvailles de Wanson, également créateur de la composition musicale. En préambule, de longs jeux de scène muets relevant de l’absurde ; pour décor, l’emplacement d’un orchestre avec ses gradins, ses pupitres ; mais en un instant ceux-ci se transforment en échiquiers, l’étui de la contrebasse recèle une literie complète, le métronome gigantesque abrite un réfrigérateur… L’univers de Yaacobi s’annonce donc comique mais bientôt se révèlent l’égoïsme, la petitesse, la mesquinerie, la méchanceté des êtres humains, leur besoin d’humilier l’autre.

La saison 2009-2010 du Rideau nous offrit une deuxième pièce de Levin, Une Laborieuse entreprise, mise en scène par Christophe Sermet. Rupture d’une vieille amitié entre Yaacobi et Leidental, rupture de couple entre Yona et Leviva, mariés depuis trente ans. Dans les deux cas, celui qui veut briser une relation jusqu’alors solide (en apparence du moins) invoque des raisons similaires : le désir de se « libérer », de repartir à zéro, de donner un nouveau tour à sa vie. Cependant ni l’un ni l’autre ne se retrouveront en vainqueurs ; le recul va l’emporter ; on reviendra à la case de départ.

Si dans la réalité quotidienne, une amitié niée volontairement, un vieux couple qui se défait suscitent de prime abord l’indignation ou la tristesse, l’humour grinçant de Levin, la verdeur, voire la trivialité de son langage, désamorcent le drame, provoquent le rire. Ce visage double alliant le burlesque au tragique se révèle plus nettement encore dans Funérailles d’hiver où le thème de la mort est permanent.

En 2012, nous avons revu Une laborieuse entreprise que le Rideau avait remise à son pro-gramme et découvert à l’Atelier 210 (chaussée Saint-Pierre, 1040 Bruxelles) une pièce de Le-vin très différente par le ton, Ceux qui marchent dans l’obscurité. La mort de la mère, l’errance dans la nuit, la solitude de chacun, la quête de quelque chose – mais quoi ? –, l’absence de réponse (celle de Dieu est couverte par un tintamarre incroyable or il refuse de répéter), sont au cœur de cette œuvre qu’avait mise en scène Lara Hubinont.

Funérailles d’hiver, une « farce burlesque avec chansons »

De même que Ceux qui marchent dans l’obscurité, la pièce débute par la mort de la mère. Assis aux côtés de la mourante, Bobitshek, un vieux garçon, lui promet de réunir la famille pour son enterrement – qui aura lieu le lendemain. Dès ce premier dialogue où se succèdent redites et phrases répétées avec conviction, la notion de l’absurde s’installe.

La nuit est venue. Bobitshek se rend chez sa cousine Shratzia pour lui annoncer le décès. Mais ni elle, ni son mari, ni ses hôtes ne répondent aux coups frappés à la porte. Ils veulent ignorer ce qui est arrivé. Pourquoi ? parce que le lendemain auront lieu les noces de leur fille Vélvétsia, que quatre cents invités sont attendus et huit cents poulets commandés, qu’il est exclu d’annuler un tel évènement car, comme le répète le père de la jeune fille, quel est le but de la vie ? acheter un appartement et marier sa fille.

Bobitshek insiste, convainc un voisin, professeur, d’assister aux obsèques mais n’arrive pas à se faire écouter par les siens. Une poursuite délirante s’engage. La famille gagne la plage sous un froid glacial, croise deux invraisemblables joggeurs, s’envole jusqu’à l’Himalaya, y rencontre un moine figé sur son tertre depuis quarante ans, rejoint ensuite la terre, persuade Bo-bitshek de renoncer aux funérailles pour participer au mariage dont la fête se déroule enfin, alors qu’entretemps d’autres morts sont survenues. L’Ange de la mort a recueilli de sa main gantée de caoutchouc noir l’âme qu’ont rendue, en un pet démesuré, le père, puis le beau-père de Vélvétsia. Chez Levin, le rire, la trivialité s’avèrent étroitement liés au tragique, à la mort.

« Farce burlesque avec chansons », ainsi Michael Delaunoy, qualifie-t-il ces Funérailles dont il est le remarquable metteur en scène. On rit beaucoup, on admet sans problème des situations tout à fait irréalistes, on jouit sans réserves du jeu, des mouvements et mimiques des comédien(ne)s, de la musique, des chansons, de la chorégraphie. Michael Delaunoy a réuni là une fameuse équipe : pas moins de douze interprètes, de Belgique et de Suisse, plus les huit responsables de la scénographie, de la lumière, du son, des costumes et des masques, du maquillage, de la chorégraphie.Sans détailler les rôles de chacun(e), nous voulons dire combien nous avons aimé retrouver Muriel Legrand, Catherine Salée (mère et belle-mère de la mariée), Philippe Vauchel (joggeur) et découvrir Frank Michaux (l’Ange de la mort), Pierre Aucaigne (le professeur, le moine tibétain), Robert Bouvier (Bobitshek), Lee Maddeford (joggeur, musicien), sans oublier Frank Arnaudon (père de la mariée), Thierry Romanens (père du marié, mère de Bobitshek), Jeanne Dailler (la mariée), Fabian Dorsimont (le marié), Laurence Maître (jeune invitée aux noces). Elles et eux incarnent les personnages, chantent, jouent de l’accordéon, de la guitare, du piano ou du cor à piston. Un spectacle complet ! Du grand théâtre, vraiment ! Et une scénographie – due à Didier Payen – qui n’impose rien mais permet, dans sa simplicité et sa mobilité, de s’adapter aux lieux extrêmement variés où se situe l’action. La salle – comble – n’a pas ménagé les applaudissements à ces Funérailles d’hiver dont les représentations se sont données au Jacques Franck (94, chaussée de Waterloo, 1060 Bruxelles) du 8 au 23 janvier 2019. Nous espérons vivement que le Rideau reprendra le spectacle lors d’une prochaine saison Continuer la lecture

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Au Boson, ‘Sonate d’automne’ d’Ingmar Bergman

Intense et poignant

Il y a cent ans naissait Ingmar Bergman

Ingmar Bergman, cinéaste majeur du XXe siècle, aurait eu cent ans cet été. Le réalisateur suédois est né le 14 juillet 1918 à Uppsala, ville universitaire au nord de Stockholm, et décédé à Fårö le 30 juillet 2007.

Passionné de théâtre et de cinéma dès sa jeunesse, il interrompt ses études de lettres, écrit des pièces qu’il met en scène, reprend la direction du théâtre de Helsingborg, est engagé par la Svensk Filmindustri pour revoir ou écrire des scénarios, réalise son premier film, Crise, en 1946.
Son activité est débordante ; elle le restera pendant plusieurs décennies : direction de théâtres, mises en scène pour le théâtre, pour la radio, et surtout – c’est notre précieux héritage – réalisation de films destinés au grand écran ainsi qu’à la télévision. Parmi les titres les plus fameux, citons Un été avec Monika (1953), Le septième sceau (1957), Les fraises sauvages (1957), Persona (1966), Cris et chuchotements (1972), Scènes de la vie conjugale (1973), La flûte enchantée (1975), Sonate d’automne (1978), Fanny et Alexandre (1982), Après la répétition (1984), Sarabande (2003).

Cannes, Venise, Berlin, les États-Unis lui décernent leurs prix : Lion d’Or, Ours d’Or, à trois reprises l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, une Palme des Palmes à Cannes en 1997.

D’autres réalisateurs font appel à lui comme scénariste : le Danois Bille August (Les meilleures intentions, 1992), la Norvégienne Liv Ullmann (Infidèle, 2000). Celle-ci, actrice remarquable, a tenu le premier rôle dans nombre de films de Bergman, partagé sa vie durant quelques années et eut avec lui une fille, Linn. Elle a réalisé en 2014 Mademoiselle Julie, d’après Strindberg, avec Jessica Chastain, Colin Farrell et Samantha Morton.

Séduit par l’ile de Fårö (mer Baltique) en 1960, Ingmar Bergman y fait bâtir sa maison, y tourne plusieurs films, lui consacre deux documentaires de même titre, Mon île Fårö (1969 et 1979), y vit dans une forte relation avec la nature et les paysages. C’est là qu’il meurt en 2007. Et c’est à Fårö, avec Sven Nykvist, chef opérateur de Bergman, et l’excellent comédien Erland Josephson (Scènes de la vie conjugale, Sarabande…) que le cinéaste russe Andreï Tarkovski tourne son dernier film, Le sacrifice (1986), superbe hommage à son confrère suédois.

Le récit de la vie d’Ingmar Bergman pourrait inspirer plus d’un biographe. Ce n’est pas notre propos mais nous aimons noter que plusieurs de ses enfants se sont eux aussi tournés vers le théâtre et/ou le cinéma ainsi que vers l’écriture. Le rôle d’Eva enfant dans Sonate d’automne est interprété par sa propre fille, Linn Ullmann. Aujourd’hui romancière, elle a été couronnée par de nombreux prix dans son pays, la Norvège. Les traductions françaises de ses œuvres ont paru chez Plon et chez Actes Sud (Collection Lettres scandinaves). Continuer la lecture

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Notes au retour d’Ukraine

D. LYSSE

Voici quelques notes, au retour d’un mois en Ukraine et en Moldavie (2018). Divers thèmes y sont abordés de façon concise : la langue, les communications, la perception de la politique, la guerre et l’émigration, pour terminer avec une section plus longue (et plus souriante) consacrée aux ressources touristiques de la région, qui sont loin d’être négligeables.

1° La langue
La langue ukrainienne est proche du russe, comme l’espagnol peut être proche de l’italien. Et, même si le pays est plus ou moins officiellement en guerre avec la Russie, la première langue internationale utilisée y reste le russe. L’anglais n’est connu que dans les grandes villes, dans les lieux qui espèrent gagner de l’argent avec les (rares) occidentaux de passage. Les voyageurs qui connaissent quelques mots de russe auront donc souvent besoin de s’en servir. Les autres risquent de se sentir très isolés pendant leur voyage, confinés dans les établissements les plus commerciaux, ce qui limite la diversité des contacts. C’est assez dommage dans la mesure où la population est accueillante, facilement encline à aider les voyageurs égarés et à plaisanter.

2° Les communications
Comme dans toute l’ex-URSS, le système de transports public s’est effondré avec la fin du communisme et a été remplacé par des flottes de minibus privés (nommés marchroutkas). Ils partent le plus souvent à horaire fixe, alors que dans les territoires de l’ex-URSS situés plus à l’est, en Arménie ou à l’est de l’Oural, c’est plutôt l’horaire variable qui est la règle : les véhicules ne se mettent en route que lorsqu’ils sont pleins. En contrepartie de ces départs réguliers, les marchroutkas ukrainiens rentabilisent parfois une course à moitié vide en choisissant des itinéraires secondaires plutôt que les grand-routes, pour pouvoir embarquer des passagers supplémentaires sur de courtes distances, ce qui peut allonger considérablement les temps de trajet.

Les villes et villages sont très dispersés, les routes sont peu nombreuses et pas vraiment en bon état, sauf quelques tronçons tout neufs, isolés, mais la circulation, très peu dense hors des villes principales, permet généralement d’éviter les engorgements. Certaines grandes liaisons (Kiev-Odessa, notamment), sont assurées par des compagnies à capitaux turcs affrétant des autocars de grand confort.

3° La perception de la politique
En Ukraine comme en Moldavie, il est prudent de ne jamais parler politique en public. En privé, les commentaires venant de l’homme de la rue à propos de la politique sont parfois extrêmement violents et amers, très vite injurieux : on ne les répètera donc pas ici. Tous les partis et les candidats sont englobés dans la même réprobation, femme ou homme, pro-occidental ou pro-russe, au pouvoir ou dans l’opposition. D’autre part, une certaine paranoïa règne face au(x) pouvoir(s). Une employée du secteur public, qui parlait anglais et me faisait de longues doléances, avait ainsi coupé brusquement la conversation en inspectant vite de l’œil le couloir désert où nous nous trouvions quand j’avais imprudemment employé le mot corruption. Elle m’a dit : « Écoutez, mon travail est stupidement organisé et atrocement mal payé, mais c’est mon seul salaire et je tiens à le garder, donc je ne vous ai jamais vu, nous ne nous sommes jamais parlé ; et maintenant : circulez ! »

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Un trois cents soixante degrés pour revenir à l’essentiel

Voici l’histoire d’un rêve qui après deux années de préparation s’est transformé en un tour du monde en trois cents quarante jours. En mode sac à dos ou backpacker pour utiliser un mot anglophone plus à la mode, ma compagne et moi-même avons traversé douze pays dont, la Russie, la Mongolie, la Thaïlande, la Birmanie, le Vietnam, le Cambodge, le Laos, la Nouvelle Zélande, l’Argentine, le Chili, la Bolivie et le Pérou. Tous ces pays regorgent de toutes sortes de merveilles, de paysages à vous couper le souffle, d’histoires lointaines, de terrains d’aventure inoubliables et de rencontres qui vous marquent à vie. Ça, c’est le côté face de notre voyage. Le côté pile, nous l’avons ramené avec nous, à contre cœur, lors de notre retour dans notre chère patrie.

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L’Histoire des Bianchi, une destinée hors norme faite de joies et de drames

La biographie officielle de la famille et
des pilotes Lucien, Mauro et Jules Bianchi
réunis dans un ouvrage exceptionnel de 320 pages, racontée par Chris Van de Wiele et illustré par plus de 500 documents.

Emigré du nord de l’Italie à l’aube des années 50, la famille Bianchi a connu une destinée hors du commun.
Résumer l’Histoire des Bianchi en quelques minutes n’est pas chose aisée tant le récit est abondant, intense et vaste. Il faudrait tout d’abord commencer par le grand-père de Lucien et Mauro,  Luigi : génial inventeur d’un moteur d’avion révolutionnaire qui a certainement donné le goût de la mécanique à son fils Roberto, né en 1909. Nous sommes en Italie, un pays qui souffre la misère et sortira meurtrie des deux guerres mondiales.

Tour de France 1958

Ayant épousé Maria Vercellese (103 cette année 2018 !), Roberto aura quatre enfants. Luciano nait le 10 novembre 1934 et Mauro le 31 juillet 1937. Deux filles viendront au monde 4 et 12 ans plus tard : Laura et Daniella. A une époque où beaucoup d’italiens ne sont toujours pas motorisés, la petite famille Bianchi se déplace en moto Sertum avec side-car que Roberto a appris à démonter puis remonter pour la cacher durant la guerre afin qu’elle ne soit pas réquisitionnée.  La mécanique occupe également la vie professionnelle puisque le jeune papa travaille chez Alfa-Romeo puis, au lendemain du conflit, à la fabrique de motocyclette Breda. C’est aussi les premiers contacts avec la compétition pour les gamins qui assistent aux Circuito del Garda et aux Mille Miglia. La passion grandit… Mais l’Italie désolée laisse peu d’opportunité de développement à la petite famille qui émigre vers la Belgique en janvier 1950 avec l’espoir de décrocher un travail à la SABCA, la société belge d’aéronautique. D’avion il n’en sera pourtant point question. Cependant, la débrouillardise de Roberto ainsi que l’excellente réputation de mécanicien qu’il ne tardera pas à se créer le feront intégrer à l’équipe du champion belge John Claes qui pilote une Talbot Lago T26C.

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Décès du secrétaire de l’AJPBE

L’AJPBE et le monde de la presse périodique ont perdu, ce 20 mars 2018, l’administrateur-secrétaire et confrère Christian Vanderwinnen.

Son décès est survenu suite à un accident cardiaque, l’après-midi du 19 mars au centre-ville de Bruxelles, et ce malgré une intervention rapide des secours et son transfert à l’hôpital.
Devant ce douloureux coup du sort, tous les membres du Conseil d’Administration sont à la fois décontenancés et tristes. Ils présentent à sa famille, ses proches et ses ami(e)s leurs sincères condoléances et partagent leur chagrin en ces moments difficiles.

La cérémonie d’adieu et la crémation auront lieu mardi 27 mars 2018 au Crématorium d’Uccle, avenue du Silence, 1180 Bruxelles. Le rendez-vous est fixé à 13 h 45.
« Requiem in Pace »

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Espagne – Terre de vacances et de découvertes – Jan Petillion

Trois amies d’enfance auxquelles se joignent le moment venu trois maris … Un rendez-vous annuel en Espagne chez l’une d’elles, depuis deux décennies. Des têtes pleines de souvenirs et d’anecdotes, une richesse de plaisirs et de sourires à partager … Des amis qui se retrouvent régulièrement et pour qui le séjour annuel à la Casa Ilona, à Jávea est un moment sacré …, nourrissant à chaque fois la chronique des joyeux vacanciers …
L’auteur tente dans le présent texte de communiquer une part de l’ambiance et l’atmosphère qui règne chaque année pendant quelques semaines à la Casa Ilona de Jávea, lieu où il passe traditionnellement une partie de ses vacances avec son épouse chez leurs amis.

Jan Petillion, né en 1944  a été journaliste de la presse périodique pendant cinquante ans. Il a dirigé des magazines dans le domaine de la formation professionnelle et de l’architecture. Il a écrit des ouvrages sur les mêmes sujets. Il a également été expert pour la Commission Européenne et chargé de cours à l’Université Ouverte de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces diverses activités l’ont amené aux quatre coins du monde avec en plus l’envie de voyager avec son épouse Nadette en période de repos.

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