La biographie officielle de la famille et
des pilotes Lucien, Mauro et Jules Bianchi
réunis dans un ouvrage exceptionnel de 320 pages, racontée par Chris Van de Wiele et illustré par plus de 500 documents.
Emigré du nord de l’Italie à l’aube des années 50, la famille Bianchi a connu une destinée hors du commun.
Résumer l’Histoire des Bianchi en quelques minutes n’est pas chose aisée tant le récit est abondant, intense et vaste. Il faudrait tout d’abord commencer par le grand-père de Lucien et Mauro, Luigi : génial inventeur d’un moteur d’avion révolutionnaire qui a certainement donné le goût de la mécanique à son fils Roberto, né en 1909. Nous sommes en Italie, un pays qui souffre la misère et sortira meurtrie des deux guerres mondiales.
Ayant épousé Maria Vercellese (103 cette année 2018 !), Roberto aura quatre enfants. Luciano nait le 10 novembre 1934 et Mauro le 31 juillet 1937. Deux filles viendront au monde 4 et 12 ans plus tard : Laura et Daniella. A une époque où beaucoup d’italiens ne sont toujours pas motorisés, la petite famille Bianchi se déplace en moto Sertum avec side-car que Roberto a appris à démonter puis remonter pour la cacher durant la guerre afin qu’elle ne soit pas réquisitionnée. La mécanique occupe également la vie professionnelle puisque le jeune papa travaille chez Alfa-Romeo puis, au lendemain du conflit, à la fabrique de motocyclette Breda. C’est aussi les premiers contacts avec la compétition pour les gamins qui assistent aux Circuito del Garda et aux Mille Miglia. La passion grandit… Mais l’Italie désolée laisse peu d’opportunité de développement à la petite famille qui émigre vers la Belgique en janvier 1950 avec l’espoir de décrocher un travail à la SABCA, la société belge d’aéronautique. D’avion il n’en sera pourtant point question. Cependant, la débrouillardise de Roberto ainsi que l’excellente réputation de mécanicien qu’il ne tardera pas à se créer le feront intégrer à l’équipe du champion belge John Claes qui pilote une Talbot Lago T26C.
Et les garçons dans tout cela ? Mauro travaille comme un dingue pour étudier le français et le flamand et rejoindre ainsi la classe correspondante à son âge. Luciano n’a que faire des études et convainc son père pour rejoindre Johnny Claes qui lui offre une série de stages pour devenir pilote automobile.
C’est ainsi que Lucien fait ses débuts en compétition en 1952, d’abord comme coéquipier-mécanicien aux côtés de Jacques Herzet pour le Rallye des Alpes, le Tour de France ou encore le Liège-Rome-Liège. Ensuite ce sont les débuts en tant que pilote dans la prestigieuse Equipe Nationale Belge et les premières 24 Heures du Mans pour l’ainé des Bianchi en 1956. Lucien observe et apprend vite. En 1957, il remporte la catégorie moins de 2.0l avec la Ferrari 500 TRC aux 24 Heures du Mans. Puis ce sera Olivier Gendebien qui, épaté par la maturité de ce jeune pilote, lui offrira la place de co-pilote au Tour de France, enchainant une série impressionnante de trois victoires en 1957, 1958 et 1959.
Mauro fait ses débuts en 1959 par la Course de Côte de la Roche puis au Tour de France avec Harry Schell. Il rejoindra l’ENB l’année suivante pour piloter de façon… fracassante une Cooper F2 au GP des Frontières à Chimay.
La monoplace ne sourira guère aux frères Bianchi et c’est en Rallye que Lucien fera d’abord éclater son talent avec l’équipe d’usine Citroën et la victoire au Liège-Sofia-Liège, puis en endurance aux 12 Heures de Sebring qu’il remporte avec Jo Bonnier en 1962.
Enrôlé par le tonitruant et impétueux Carlo Abarth, Mauro collectionnera les victoires de catégorie pour la marque italienne en courses de côte, rallyes et circuits. Mais lassé par les humiliations de ce patron caractériel, Mauro s’en ira rejoindre l’usine Alpine dirigée par le sympathique Jean Rédélé. En 1965, les deux frères se partageront la victoire au 500km du Nürburgring au volant d’une Alpine M65. Les voitures bleues apporteront quelques belles satisfactions à Mauro mais aussi une grande désillusion avec le projet avorté d’une Alpine Formule 1.
Les deux frères vont voyager aux quatre coins du monde et courir presque toutes les semaines. Lucien roulera sur Alfa Romeo, Lotus, Porsche, Cooper et BRM F1, Ferrari en endurance, Aston Martin, Citroën, Alpine, Maserati ou encore Ford. C’est cette dernière marque qui lui permettra de triompher, il y a exactement 50 ans, aux 24 heures du Mans en compagnie de Pedro Rodriguez.
Malheureusement, le circuit de la Sarthe restera à jamais une plaie ouverte avec tout d’abord l’accident de Mauro en 1968 où il sera grièvement brûlé aux mains et au visage. Puis le drame de Lucien aux essais préliminaires l’année suivante au volant du maudit prototype Alfa Romeo T33/3. Mauro n’aura plus le cœur à piloter et se reconvertira vers la technique chez Alpine puis à son propre compte, métier qu’il exerce toujours du haut de ses presque 81 ans.
Puis viendra l’avènement de Jules, né le 3 août 1989, qui va rapidement gravir les échelons du karting en devenant, sous les conseils attentionnés et les yeux épatés de son grand-père, Champion PACAC (Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse) en 2001-2002, vice champion d’Europe en 2004, Champion Asie-Pacifique en 2005 et Champion de France en 2006. Ensuite, la montée en monoplace avec les titres en F Renault 2.0 France 2007 et F3 Euro Series 2009. Pilote intelligent et très rapide, il franchira les portes de la Formule 1 en 2013 avec la petite écurie Marussia. Au GP de Monaco 2014, il réalisa une incroyable 9e place en étant parti en fond de grille ! Cela n’échappa pas à la Scuderia Ferrari qui lui confia la monoplace de Raikkonen pour les essais techniques du GP d’Angleterre en 2014. Ni une, ni deux, Jules se montra plus rapide que le pilote finlandais ! Et le monde du sport automobile le vit déjà courir sous les couleurs de Maranello. C’était sans compter sur le funeste GP du Japon 2014 et ce maudit engin de chantier qui n’avait rien à faire sur une piste de Formule 1.
Au delà de ces drames, ce qu’il faudra retenir avant tout de la famille Bianchi, c’est la sympathie, le courage et l’honnêteté sans failles de ces trois pilotes. Tous ceux qui les ont croisés, qu’ils soient pilotes rivaux ou équipiers, peuvent en témoigner. Italiens de patrie, mais belges de cœur, les deux frères ont marqués les esprits par leurs grandes qualités humaines. Et Jules suivait dignement leurs traces.
Auteur : Chris Van de Wiele
Editeur : Benoît Deliège Editions
Format : 24x29cm – 320 pages
ISBN : 978-2-9601019-5-9
www.benoitdeliege.be