Rarement un pays, en voie de développement, après des guerres et surtout un génocide s’en est sorti indemne, avec une évolution époustouflante et un progrès surprenant, ceci dans tous les domaines. L’économie s’est alors relancée de façon spectaculaire.
En matière d’égalité entre les sexes, sujet toujours d’actualité dans le monde en ce 21e siècle, dans les parlements du monde entier où les hommes sont très généralement beaucoup plus présents que les femmes, le Rwanda est le seul pays mondial dans lequel les femmes sont majoritaires avec 49 femmes sur 80 sièges (61,25%), avant Cuba 322f/605s (53,22%) – Bolivie 69f/130s (53,07%) –Mexique 241f/500s (48,20%) et le premier pays occidental, en cinquième position, la Suède avec 165f/349s, 47,27% ! (1) Source UIP : Union InterParlementaire – Etat de la situation au 1er février 2019.
Le tourisme pratiqué dans des aires protégées a constitué l’une des plus importantes sources de revenus pour plusieurs pays en développement. Au Rwanda, les aires protégées constituent la pierre angulaire du secteur touristique. En effet, ne possédant pas suffisamment de monuments historiques pour témoigner de l’existence d’une architecture ancienne, le secteur touristique rwandais repose sur sa nature sauvage assez exceptionnelle qu’abritent les parcs nationaux.
Mais suite à l’histoire tragique de ce pays, il y a des lieux qu’il ne faut pas manquer de voir sous aucun prétexte.
En arrivant à Kigali, il faut rendre hommage aux victimes des massacres du génocide de 1994 par des visites émouvantes et interpellantes :
• « Kigali Genocide Memorial » : mémorial et centre commémoratif du génocide, qui se trouvent à Gisozi, à dix minutes du centre-ville. Le mémorial donne l’ampleur du massacre si violent en si peu de temps. C’est en même temps un cimetière, un musée et un lieu de recueillement et d’histoire. Le reste des dépouilles des victimes qu’on trouve ici ont été apportées de tous les coins de la capitale, après avoir été laissées dans la rue ou jetées dans la rivière. Elles sont enterrées ensemble dans des compartiments.
• « Camp Kigali et le mémorial belge » : hommage aux soldats belges. La vieille barrière et le poste de garde sont toujours là, mais l’entrée est condamnée par un portail. L’accès à l’ancien camp militaire se situe désormais à quelques mètres du « Kigali Conference and Exhibition Village« , le prestigieux centre de conférences de la capitale rwandaise. Après avoir franchi le portique de sécurité, la façade du bâtiment, criblée de dizaines d’impacts de balles, témoigne du déchaînement de violence que le camp Kigali a connu. Le 7 avril 1994, dans les premières heures d’un génocide, dix para-commandos belges, membres de la Mission de l’ONU pour l’assistance au Rwanda (Minuar), ont été massacrés ici. Vingt-cinq ans après, des taches de sang recouvrent encore les murs. Le camp est toujours gardé et entretenu par un congolais de 69 ans, employé de la représentation militaire de l’ambassade belge. Il a assisté et survécu aux massacres, il est présent aux différentes cérémonies commémoratives au camp. Normalement, il devrait être pensionné mais sa maigre pension l’oblige à travailler encore, +/- 48h semaine, pour un salaire de 80.000RWF (francs rwandais) soit 80€ par mois. Honte à la Belgique !
• « Campaign Against Genocide Museum », Kigali (Parliament) / Musée de Campagne contre le Génocide : Situé dans l’enceinte du Parlement et à 800 mètres du « Kigali Convention Center« . Après le passage du portique de sécurité de l’entrée principale du Parlement, on est accueilli avec un sourire, une générosité singulière et la fierté d’une jeunesse qui en veut et qui est dévoué à expliquer et à retracer l’histoire et le plan de campagne contre le génocide exécuté par le Front Patriotique Rwandais (FPR). J’ai profité d’une visite avec des explications et des éclaircissements pendant 3h30 puis une discussion enrichissante et enthousiasmante avec une parlementaire.
Le bâtiment du parlement porte encore les stigmates de la guerre, de grands trous d’obus sont visibles depuis le boulevard et sont préservés pour la mémoire.
La capitale comme le reste de pays tient à une sécurité absolue. Tous les lieux, les monuments, les bâtiments, les magasins, … publics et privés sont gardés et un passage par un portique de sécurité, avec vérification des sacs et du corps, est obligé, ce qui donne au début une petite frustration mais on s’y habitue et on y adhérera par la suite.
• Pour comprendre l’histoire de la capitale Kigali, il ne faut pas manquer de visiter le « Kandt House Museum » : Ce musée, anciennement connu sous le nom de National History Museum (NHM), a été rénové et rebaptisé « Kandt House Museum » le 17 décembre 2017. Il est installé dans la belle et auguste demeure de Richard Kandt, médecin et chercheur allemand, qui n’est autre que le ‘fondateur’ de Kigali en 1907. Kigali devient la capitale à l’indépendance, en 1962. Jusqu’alors, la capitale était située à Nyanza, la capitale monarchique (à y découvrir le King’s Palace Museum). Le musée Kandt présente la vie du peuple rwandais sous tous ses aspects (social, économique et politique) avant la période coloniale, il retrace ensuite la vie et l’œuvre de Richard Kandt au Rwanda, le passé colonial sous domination allemande et l’histoire de la capitale.
Si on est seul ou à deux, on peut circuler dans la capitale ou dans les grandes villes en moto-taxi, en toute sécurité, avec casque obligatoire pour le conducteur et le client, une vitesse raisonnable, une reconnaissance légale de chaque motocycliste par mention de son nom et matricule sur sa veste florescence de sécurité. Les prix sont très concurrentiels par rapport aux taxis-voitures, ce prix est à fixer, de préférence, avant l’embarquement pour éviter toute discussion. Le charme et les découvertes seront inattendus.
Comme le pays a une population très jeune, celle-ci est extraordinairement branchée nouvelle technologie, très dynamique, travailleuse et courageuse. Dans tous les bus, le Wi-Fi est à disposition et surtout gratuit ! Une carte SIM rwandaise (2GB pour 2,50€) suffit pour être connecté au monde. Dans tous les lieux : cafés, restos, hôtels … les employés encoderont pour leurs clients naturellement les mots de passe de leur Wi-Fi.
Une fois par mois, sous peine d’amende, les Rwandais sont priés de travailler gratuitement au service de la communauté pour le jour d’Umuganda, dernier samedi de chaque mois. Ces travaux obligatoires visent à renforcer l’unité nationale où les traumatismes du génocide sont encore très vivaces. Depuis 2007, l’Umuganda, « le jour du nettoyage », est même inscrit dans la Constitution. En quelques décennies le pays est devenu très très propre. Le Rwanda est précurseur dans l’abandon de sacs plastiques, dont l’importation et l’utilisation sont interdits depuis 2004.
Pour bien être dépaysé et découvrir des lieux insolites et une population Rwandaise accueillante et surtout non-accrocheuse, comme dans certains pays touristiques, on ne le dit jamais assez : il faut sortir des sentiers battus.
Un marché gigantesque à Kigali se doit d’être mentionné dans ce périple, le « Kimironko Market » : un dédale d’allées, avec des stands de -/+ 1m de large, toutes fournies de marchandises diverses, tissus, chaussures, vaisselles, souvenirs, artisanats … et le côté alimentaire regorge de fruits, légumes, poissons, viandes, un détour à faire ! C’est beau, c’est propre et bien rangé, jusqu’aux piles de pommes de terre ou de concombres ! Comme tout marché, l’art de négociation de prix est de rigueur. La totalité du marché est couverte, pratique sous le soleil ou la pluie.
Le premier et probablement le plus compliqué est l’absence de dessert dans la culture culinaire rwandaise. Pas de spécialités locales sucrées malgré un goût marqué des Rwandais pour les cuillères bien dodues de sucre ou du miel dans le thé ou le café. Il y a bien quelques fruits tropicaux à savourer toute l’année comme la papaye, l’ananas, les « tree tomatoes » (Tamarillo, une espèce de tomates un peu acide appelé aussi ‘tomates espagnoles‘), différents types de fruits de la passion (grenadille, maracuja jaune, sucré ou acide), les bananes, la mangue, « jackfruit » (jaquier ou jacquier). Cependant, même ces derniers sont surtout consommés lors du petit-déjeuner et peu en fin de repas.
Le pays des mille collines est petit et les visites des différents parcs peuvent se réaliser à partir de Kigali, c’est juste une question de bonne gestion et de bonne planification. Une voiture de location 4×4 avec chauffeur-guide est conseillée pour un safari dans le parc national d’Akagera, « Akagera National Parc » (girafes, zèbres, hippopotames, rhinocéros, éléphants, une vingtaine de lions/lionnes, crocodiles …), une visite des plantations de café dans les régions Mabanza, une promenade à Kibuye : visite du « Museum of Environment », promenade en barque/bateau sur le Lac Kivu et découverte de ses îles avec l’insolite ile Munyanini et ses milliers de chauves-souris. Le « Nyungwe National Park » est l’un des parcs les moins fréquentés du Rwanda, qui s’étale sur plus de 1.000m2, et pourtant il vaut le détour, la plus petite randonnée avec guide obligatoire dure de 2 à 3h. Son pont suspendu « Igishigishigi trail » de +/- 80-90 mètres de hauteur, construit par les Canadiens et entretenu par les jeunes ingénieurs Rwandais, se trouve sur le billet de 500RWF. Ce havre abrite environ 275 espèces d’oiseaux, plus d’une centaine d’espèce d’orchidées, treize espèces de primates, des chats dorés, antilopes noires ou encore des sangliers … La plupart des touristes préfère passer le temps dans le « Volcanoes National Park », le parc national des volcans, pour voir les gorilles, à 1.500$ la visite par personne, que dans cette forêt tropicale et humide et qui est la plus grande forêt de montagne d’Afrique !
Les autres musées nationaux (2) à découvrir : Ethnographic Museum (Huye District), Rwanda Liberation Museum (Gicumbi District), Rwanda Art Museum (Kicurico District).
Choisir un logement de vacances au Rwanda permettra de ménager les finances et c’est, en soi, un avantage très appréciable. Différentes possibilités de réservation d’une location de vacances sont possibles soit dans un appart-hôtel (‘Prima 2000 Apartments‘ à Kigali), c’est s’offrir un petit chez-soi dans un autre pays soit dans un guesthouse soit dans une chambre d’hôtes de charme (3) (>> Kimi House – Central location – Breakfast included à Kigali via Airbnb). Dans ces logements, on peut y vivre sans contrainte horaire, ils sont, en règle générale, plus spacieux, plus conviviaux et moins onéreux que les chambres d’un hôtel. Mais parfois, une ou deux nuits dans un lodge sont nécessaires pour économiser du temps de visite et découvrir d’autres contrées.
Le modèle du pays est exemplaire, c’est un eldorado, avec des progrès écologiques et économiques mais l’avenir du pays est encore incertain, entre la surpopulation, le possible conflit avec ses pays voisins et le risque politique en général.
Mohamed Gargouri
(1) www.ipu.org
(2) Rwandan Museums
(3) Chambres d’hôtes de charme à Kigali
étonnant pays à l’avant garde sur de nombreux points : certainement un exemple à suivre en occident !
Nous vous remercions pour votre attention à cet article et nous sommes de votre avis que c’est un exemple à suivre dans certains domaines.