L’automne est une saison très agréable pour la randonnée… à condition qu’il fasse sec. Parmi les itinéraires accessibles en train, au départ comme à l’arrivée, voici trois propositions qui, cette fois encore, longent des rivières ou d’anciens canaux, loin de la circulation automobile : la Dendre de Grammont à Ath ; l’ancien canal du Centre depuis La Louvière jusqu’à Mons ; et le canal joignant Malines à Louvain.
1° La Dendre de Grammont à Ath, 22 km
C’est l’un des itinéraires les plus agréables qu’on puisse choisir pour ces promenades d’une journée. Le cours de la rivière est resté très sinueux, très peu rectifié. Il offre des vues perpétuellement changeantes, et le paysage le long des berges est assez préservé. À l’automne, lorsque la brume s’élève du cours d’eau ou transpire des champs, les levers de soleil à contre-jour sont assez féeriques. Ce qui justifie, d’ailleurs de partir de Grammont et de marcher dans le sens nord-sud plutôt que dans l’autre, en partant d’Ath.
La faune est aussi très variée, pas trop nerveuse, et se laisse observer, du moins avant le début de la chasse. Pour ceux qui disposent d’un bon matériel de photo, c’est l’endroit idéal pour immortaliser des biches, des chevreuils, des faisans, des hérons, des cormorans, d’innombrables poules d’eau et canards. Même ceux qui, comme moi, n’utilisent qu’un petit appareil de poche vont se sentir doués pour les clichés animaliers. Le vrai défi, pour les photographes les plus adroits, c’est de capter une trace des furtifs martin-pêcheurs, qu’on reconnaît en vol à leurs ailes d’un bleu éblouissant mais qui ne s’attardent jamais à la vue.
À peu près à mi-parcours, sans quitter les bords de la rivière, à Lessines, le promeneur aura le plaisir de longer les beaux bâtiments de l’ancien hôpital Notre-Dame à la Rose. La visite du musée, consacré à la vie religieuse et médicale du passé, peut s’avérer assez difficile pour des marcheurs qui veulent continuer ensuite leur balade pendant une douzaine de kilomètres : il n’ouvre qu’à 14 heures, ce qui obligerait à terminer la promenade assez tard, et le prix d’entrée peut décourager. Cela n’empêche pas de contempler le bâtiment de l’extérieur, et de voir notamment le très riche jardin des plantes médicinales, en accès libre, de l’autre côté de l’édifice.
L’arrivée à Ath permet de traverser la ville pour rejoindre la gare et de jeter un coup d’œil au passage à une curieuse, très archaïque (et très restaurée) forteresse des comtes de Hainaut, transformée en maison de la culture.
2° L’ancien canal du Centre, de La Louvière à Mons (23 km)
Rejoindre l’ancien canal du Centre depuis l’arrière de la gare de La Louvière oblige à longer un moment une grand-route sans charme mais, à peine sur le chemin de halage, le décor change. En effet, cette voie d’eau est désaffectée depuis qu’a été creusé le canal à grand gabarit qui la double, à peu de distance, et le promeneur circule à travers des paysages redevenus très paisibles, bordés régulièrement de petites maisons ouvrières en briques sous de grands arbres
Pendant les douze ou treize kilomètres qui suivent, nous sommes conviés ici à de l’archéologie industrielle. Les ouvrages d’art qui parsèment le trajet étaient à la pointe du progrès, à la fin du 19e siècle : ponts-levis métalliques à balancier pour les routes étroites, ponts tournant pour les chaussées plus importantes et, surtout, plusieurs ascenseurs à bateaux qui permettaient de corriger des dénivellations impressionnantes.
Le rythme de la marche est ici très bien adapté et permet de découvrir ces architectures lentement, sous divers angles et éclairages. Si la porte est ouverte (elle l’était lors de mon passage), cela vaut la peine d’aller jeter un coup d’œil à une partie de la machinerie de l’ascenseur numéro trois, à Bracquegnies. On y voit d’énormes engins arborant fièrement les noms d’industries qui ont fait de notre pays un des plus riches du monde, au dix-neuvième siècle, et qui sont aujourd’hui disparues (ou qui sont devenues périphériques dans de vastes conglomérats transnationaux).
Un peu plus loin, sur le nouveau canal, c’est le nouvel ascenseur à bateau de Strépy-Bracquegnies qui impressionne en dominant de sa masse énorme tout un morceau de village : récemment construit, il remplace à lui seul tous ceux qu’on a croisés jusqu’ici, et permet le transit de péniches aux tonnages autrement plus imposants. Les derniers pont-levis et machineries anciennes, avec leurs dentelles de fer, semblent des jouets en comparaison, des objets pittoresques.
Les deux dernières heures du trajet, quand on quitte l’ancienne voie d’eau pour longer le large canal moderne sont d’un intérêt plus réduit, en comparaison. Et comme on arrive à Mons par le plan d’eau dit « le Grand Large », qui se trouve du côté de la gare, il est difficile de se motiver encore pour aller faire un tour sur la grand-place ou pour monter au parc du beffroi : après 23 bornes, rares sont ceux qui se sentiront le pied suffisamment léger, on pense plutôt à reprendre un train pour rentrer à la maison.
3° Le canal Malines-Louvain (26 km)
Très facile d’accès depuis la gare de Malines, qui se trouve quasiment au bord de la voie d’eau, ce canal, largement désaffecté et donc très tranquille, lui aussi, est plus récent que le précédent. Il traverse par ailleurs des régions qui sont plus densément peuplées et plus industrieuses. L’ensemble du trajet en est moins pittoresque, et l’aspect sportif est à envisager d’abord, dans ce cas : on peut circuler d’un bon pas, sans risquer de se perdre, tout en restant à une certaine distance de l’urbanisation galopante et du trafic automobile (dont le bruit ne s’arrête pourtant jamais complètement).
Les sportifs du coin ne s’y trompent d’ailleurs pas et le chemin de halage est assez fréquenté, par des promeneurs de chiens, qui font quelques kilomètres, par des cyclistes, individuels ou en vastes clubs, qui passent parfois à grande vitesse, et aussi par des pêcheurs qui viennent à vélo ou à motocyclette installer tout un campement pour la journée.
Il est important ici de prendre avant le départ quelques clichés de l’itinéraire sur « https://www.vlaanderen-fietsland.be/nl/routeplanner » ou, au moins, sur place, de regarder attentivement les indications pour les randonneurs et les vélos. En effet, dans la deuxième moitié du parcours, vers Louvain, une seule des deux rives est aménagée d’un bout à l’autre pour les promeneurs, l’autre est interrompue par des installations industrielles qui forcent à un contournement long et peu pratique. Il importe aussi d’avoir agrandi le plan de l’arrivée à Louvain. Il n’est pas évident, en effet, de rejoindre la gare au plus court depuis le canal, et les trois derniers kilomètres ne sont pas les plus agréables, dans un environnement urbain de ponts routiers et ferroviaires, et de voies d’accès rapides pour les voitures.
Bonne(s) promenade(s) !