Train et rando : la Sambre, de Namur à la frontière française

Parmi les itinéraires de randonnées accessibles en train, au départ comme à l’arrivée, il faut évidemment signaler beaucoup de routes, cyclables et pédestres, qui longent les voies d’eau navigables. Elles sont souvent reprises dans les propositions des GR, ainsi que dans les « fietsroute », en Flandre (https://www.vlaanderen-fietsland.be/nl/routeplanner), ou, en Wallonie, dans le réseau RAVEL qui suit souvent les anciens chemins de halage, le long des cours d’eau, et les voies de chemin de fer désaffectées (https://ravel.wallonie.be/home/carte-interactive.html).

Je propose, dans les paragraphes qui suivent, de remonter la Sambre à pied, par étapes de 20 à 25 kilomètres, depuis son confluent avec la Meuse, à Namur, jusqu’à Erquelinnes, à la frontière française.

1° Namur – Jemeppe-sur-Sambre

La première étape, entre Namur et Jemeppe-sur-Sambre, ne manque pas d’intérêt, même si l’eau de la rivière n’y est plus vraiment limpide et si la canalisation à grand gabarit ne laisse pas place à beaucoup de fantaisie. Sur le trajet, on ne manquera pas de jeter un coup d’œil à l’ancienne abbaye de Floreffe, devenue une école supérieure.

Si on a de la chance, on pourra en visiter l’église. Les stalles y sont vraiment remarquables, résultat d’un travail extrêmement minutieux et laborieux (tous les délais de commande et les budgets avaient été, à l’époque, largement dépassés). On y remarquera à la fois la belle ordonnance classique des saints et des prophètes dans leurs niches, et puis la prolifération des grotesques dans les zones moins officielles, miséricordes ou supports de statues, qui ne pourront manquer de retenir l’attention de ceux que les représentations plus officielles laissent indifférents.

C’est éventuellement l’occasion de goûter la bière locale, servie en bas de l’abbaye, en se rappelant qu’il reste pas mal de kilomètres à parcourir. En fin de trajet, la gare de Jemeppe est malheureusement d’un accès difficile depuis le chemin de halage, quand on arrive depuis Namur, obligeant à de longs détours ou à des passages par des raccourcis pas très officiels.

2° Jemeppe – Charleroi (ou Marchienne-au-Pont)

La suite du trajet, de Jemeppe-sur-Sambre vers Charleroi puis Marchienne-au-Pont, est d’un intérêt plus restreint pour les amateurs de verdure et d’environnements naturels : on traverse ici des paysages industriels en pleine reconversion. Ceux que passionne ce genre d’expérience urbaine pourront alors essayer la section du GR 412 dite « boucle noire »: un parcours d’une journée complète dans les faubourgs industriels de Charleroi, entre terrils, canal et usines (voir : « https://grsentiers.org/ », en cliquant vers le bas de la colonne de droite pour trouver la carte interactive et agrandir sur la zone Charleroi).

3° Landelies – Thuin

Pour ceux qui seraient plutôt épris de nature, on ne peut que recommander de sauter l’étape la plus urbaine et d’emprunter plutôt, depuis Charleroi, la ligne SNCB 130a, en direction d’Erquelinnes, pour descendre au deuxième arrêt, à Landelies. Ils pourront suivre ensuite dans la verdure le cours de la Sambre vers le sud. C’est la promenade classique des habitants du coin, les samedi et dimanche après-midi.

On ne manquera pas, sur le chemin, de s’arrêter à l’abbaye d’Aulne, mise à sac par les armées révolutionnaires françaises. Même si l’entrée du site reste assez confidentielle et semble plutôt mener à des salles de réception privées, les ruines s’en visitent librement. Ce serait dommage de ne pas faire le détour depuis la voie d’eau, quelques kilomètres après Landelies : il y a un côté immensément romantique aux vues de la végétation prenant d’assaut des chevets gothiques aux verrières finement nervurées.

En fin de journée, on pourra reprendre le train dans l’autre sens à Thuin, tout en n’oubliant pas de faire un petit tour en ville. Thuin vaut surtout pour son site, avec un relief aigu couronné de remparts ou de hautes constructions remplissant une fonction défensive. Elle est surmontée par un beffroi qu’on voit de loin à la ronde, en haut duquel on peut monter (conditions voir office de tourisme).

4° Thuin- Erquelinnes

En quittant Thuin, le long de la Sambre, sur la rive droite en direction de la frontière, après trois ou quatre kilomètres, on peut prendre un sentier qui mène jusqu’à Lobbes, où se trouve la plus ancienne église de Belgique. L’abbaye de Lobbes fut longtemps un des centres de la vie intellectuelle jusque très loin à la ronde, avant d’être déclassée par la montée de la culture urbaine puis d’être emportée et détruite par la tourmente révolutionnaire. L’église, dans son état actuel, date en grande partie de l’époque romane et présente encore un plan très archaïque, à deux niveaux, avec un chœur surélevé surplombant une crypte remontant plus ou moins à l’an mille.

Au-delà, même si la Sambre reste sommairement canalisée, le paysage devient exclusivement champêtre, vert. C’est la plus belle section du trajet, qui évoque des visions de paix et d’harmonie chez le promeneur venu de la ville (et sans doute moins chez les fermiers qui travaillent dans les champs et les grosses fermes qui s’égrènent au fil des kilomètres). Après avoir traversé quelques très beaux villages, on trouvera la gare d’Erquelinnes presque en bord de rivière.

5° Thuin – Berzée

Depuis Thuin, une offre de promenade supplémentaire consiste à rejoindre, en une vingtaine de kilomètres, par le RAVEL, la gare de Berzée, située sur la ligne Charleroi-Couvin. (Attention, un train toutes les deux heures sur cette ligne, le week-end. Il peut alors être prudent de faire le trajet dans le sens Berzée-Thuin : en marchant, on est maître de son heure de départ plus que de son heure d’arrivée ! Et des travaux sont prévus par Infrabel fin août.)

Après quelques kilomètres, à Biesme-sous-Thuin, bien avant de franchir par un tunnel la grand-route vers Beaumont, on jettera un coup d’œil à un moulin qui a gardé un certain charme. De l’autre côté de la route nationale, la traversée de Thuillies n’est pas bien passionnante mais les derniers kilomètres, du côté de Berzée, offrent des vues sur de larges paysages champêtres dont l’aspect varie au cours des heures et des saisons. Et l’arrivée sur l’énorme ferme-château et sur l’église gothique de Berzée impressionnent agréablement, après ces vastes étendues désertes.

Bonnes promenades !

Texte et images D. LYSSE © 08-2022
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