Quatre randonnées accessibles par le train : de Ham-sur-Heure à Couvin

Pas besoin d’aller jusque dans les Alpes ou dans le Massif Central pour faire de la randonnée : quand le temps est ensoleillé, notre petit pays offre des promenades nombreuses et variées. Les sentiers de grande randonnée et les itinéraires balisés genre Ravel permettent d’y découvrir des paysages et des lieux peu connus, mais il n’est pas toujours facile de les emprunter sur des distances un peu ambitieuses, faute d’arriver à rentrer chez soi à la fin du trajet. Parfois, si on a de la chance, une ligne de train recoupe le chemin à intervalles réguliers et on peut alors débarquer le matin à pied d’œuvre et/ou revenir le soir sans difficulté.

C’est le cas, par exemple, de la ligne 132 de la SNCB, qui relie Charleroi à Couvin et recoupe régulièrement le GR12 Amsterdam-Paris. Je propose d’en examiner de plus près quatre étapes de vingt à vingt-cinq kilomètres, entre Ham-sur-Heure et les environs de Couvin, qui peuvent se faire en quatre jours successifs ou, plus aisément, une à la fois, de temps en temps, au hasard de la météo et des loisirs disponibles.

Elles font traverser des paysages paisibles, généralement peu fréquentés, vallonnés, entre champs et forêts, avec régulièrement des curiosités naturelles ou culturelles : châteaux, fermes-châteaux, églises classées, réserves naturelles… (On peut consulter les horaires du train sur le site de la SNCB « https://www.belgiantrain.be/fr », et la carte interactive des GR à l’adresse : « https://qgiscloud.com/grsentiers/Reseau_GR_wallon/ ».)

1. De Ham-sur-Heure à Walcourt

Propriété de la famille de Mérode depuis le XVe siècle, le château de Ham-sur-Heure mérite un petit détour, depuis la gare, avant de se mettre en route : devenu maison communale, c’est le plus accessible de tous ceux des environs. On y circule librement dans les jardins et, en demandant à l’accueil, on peut voir, à l’intérieur, en haut du grand escalier, quelques vitrines retraçant l’histoire, parfois tragique, de ses derniers propriétaires.

Plus loin, grimpant et redescendant aux flancs de la vallée de l’Eau d’Heure, le chemin balisé propose de larges trajets en forêt puis dans les champs. Il traverse les villages de Berzée puis de Thy-le-Château, dominés par d’énormes fermes-châteaux et nantis d’églises historiques, mais aussi des hameaux plus discrets, isolés dans la verdure, comme Pry. À Thy-le-Château, il y a moyen de se restaurer ou de boire un verre. Ailleurs, il est plus prudent d’avoir emmené du pique-nique. La gare de Walcourt, à l’arrivée, se trouve un peu avant le village.

2. De Walcourt à Philippeville

La basilique de Walcourt mérite une visite approfondie. Le jubé, qu’on dit avoir été offert par Charles Quint, n’a pas été démonté, contrairement à beaucoup d’autres, et propose encore toute sa riche ornementation au passant. Quant aux stalles, elles sont ornées de motifs grotesques absolument réjouissants. L’église abrite également un trésor: une grande croix réalisée au Moyen Âge par l’orfèvre Hugo d’Oignies, qui était un cadet de la famille de Walcourt (voir à son propos, sur ce site, l’article « https://www.ajpbe-vbbjpp.eu/blog/2020/07/02/le-tresor-doignies-temoin-de-trois-vies-hors-du-commun/»).

Malheureusement, comme beaucoup des œuvres d’art qui sont propriétés de fabriques d’église en Wallonie, elle n’est visible que par intermittences, lors d’une visite organisée ou au hasard de la présence d’un sacristain dans les lieux, et de sa disponibilité.

Le trajet s’engage ensuite dans des terrains cultivés ou des prairies, empruntant parfois des chemins creux, encaissés et ombragés, et laissant aussi découvrir de vastes étendues silencieuses. Jusqu’à Yves-Gomezée, il est particulièrement agréable. Un peu moins pour les sept ou huit derniers kilomètres, après avoir traversé la nationale 5, où le cheminement sur un plateau très uniforme, le long d’une carrière puis entre des monocultures parfaitement planes, s’avère plutôt monotone.

3. De Philippeville à Mariembourg

Dès qu’on quitte Philippeville par le sud, peu après la gare, le paysage retrouve tout son charme.  Pas de monuments historiques, ici, mais des vues toujours nouvelles sur une campagne restée très variée, semée de petites agglomérations en pierre et de grosses fermes, par des chemins larges et des routes tranquilles où ne passent que peu de véhicules. Le tout petit village de Roly se détache particulièrement, avec sa ferme-château, son vieux lavoir en pierre et sa petite place bordée d’arbres.

C’est l’endroit où prendre des photos de nature, éperviers posés au faîte des arbres, grenouilles, papillons et petites fleurs en tous genres. De Roly à Fagnolle, le GR fait de longs détours pour s’écarter de la route goudronnée et passer par les endroits les plus notables du coin. Mais la circulation est très éparse et peu gênante sur cette route – des travaux, fin juillet 2022, bloquaient carrément tout le trafic. Cela vaut donc la peine, pour ceux qui veulent gagner quelques kilomètres, d’envisager de suivre tout bonnement le macadam à travers la forêt pour arriver plus frais à la gare de Mariembourg.

4. Autour de Mariembourg et Couvin

Pour circuler à pied et voir les curiosités de la région, dont le célèbre « fondry des chiens », à Nismes, la gare de Mariembourg est un meilleur choix que celle de Couvin : elle est située du même côté de la nationale 5 que les objectifs principaux, et il n’y a donc pas à franchir l’autoroute par des ponts ou des tunnels à l’approche souvent peu agréables pour des marcheurs.

On s’écarte du GR12 pour cette étape. De Mariembourg, on peut gagner, par des petites routes pas trop fréquentées, même en été, le village de Nismes, puis monter au « fondry des chiens ». C’est un effondrement creusé par l’érosion souterraine dans le massif calcaire, qui se présente actuellement sous l’aspect d’un énorme trou au relief très accidenté. Il est entouré de prairies pauvres à la végétation très particulière, presque méditerranéenne, où batifolent des papillons et des insectes un peu rares, protégés par le statut de réserve naturelle. C’est l’endroit le plus « touristique » des itinéraires signalés jusqu’ici, le seul où, les week-end d’été, on risque de trouver trop de monde pour pouvoir en apprécier pleinement le charme et l’étrangeté.

De là, en retraversant le village de Nismes, on peut se rendre à un rocher isolé de la vallée du Viroin, nommé la « roche à Lomme ». À son sommet, assez facilement accessible, la vue est dégagée et porte loin. Puis, retrouvant le GR12 presque au pied du rocher, on peut pousser jusqu’au village de Dourbes ou bien rentrer directement retrouver le train à Mariembourg, selon la fatigue.

5. Quelques conseils

Pas besoin de chaussures particulières, ni de bâtons, ni d’énorme sac à dos, ni de cordes ni de crampons pour ces quatre randonnées, quand on les fait une à la fois. Une paire de sandales confortables, une musette ou un petit sac léger, et le tour est joué. Par contre, prévoir un chapeau et de l’eau en suffisance : un litre et demi, pour la journée, s’il fait chaud. Il n’y a pas des petites épiceries dans chaque village ! Compter une vitesse de cinq à l’heure, arrêts non compris.

Il vaut mieux faire l’effort d’examiner soigneusement la carte du GR avant de se mettre en route, de l’agrandir et d’en photographier les détails principaux, notamment aux abord des gares de départ et d’arrivée. Stocker quelques images du trajet à partir d’un grand écran d’ordinateur pourra se révéler d’autant plus utile que, sur le smartphone, avec les données mobiles, la carte interactive des sentiers est parfois très longue à charger et la manipulation (agrandissements, etc.) en est lente et pas très performante. Puis, en pleine campagne, le relief nuit parfois à la réception du signal.

De façon générale, le marquage est excellent sur tout le trajet ; il est rare de perdre les balises. Petit rappel : sur un GR, une ligne blanche et une rouge parallèles signifient que vous êtes sur le bon chemin ; deux lignes blanches et rouges croisées, à un carrefour, signifient que ce n’est pas la bonne direction ; et deux traits rouges et blancs de longueur normale surmontant deux traits rouges et blancs beaucoup plus courts avec une petite flèche signifie qu’une bifurcation arrive, qu’il va falloir tourner dans le sens indiqué par la flèche.

Bonne promenade !

 

Texte et images D. LYSSE © 07-2022
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