Retour aux sources

En 1923, il y a tout juste cent ans, Maurice Pauwaert créait le premier magazine de voile belge. Il lui donnait le titre « Sur l’eau » et revendiquait un « esprit d’indépendance ». Naissait ainsi la plus ancienne revue de yachting du monde, dont Charles Bertels reprit la barre bien des années plus tard, la rebaptisant « Yachting Sud – Sur l’eau ». Barre qu’il tint fermement, entouré de quelques fidèles équipiers, étant à la fois au four et au moulin puisqu’il cumulait les fonctions de directeur de la revue, de rédacteur en chef, d’éditeur et de directeur de la publicité.

Je crois bien que c’était un midi d’automne. J’étais ce jeune cadre d’une grande banque qui, après avoir avalé son sandwich, faisait quelques pas rue de la Régence et s’arrêtait, comme tous les midis, à la librairie, au coin de la place du Sablon, pour y acheter la dernière édition du « Soir ». Ce jour-là, il y avait beaucoup de monde dans la librairie et le libraire s’affairait à encaisser les quelques francs belges que lui donnaient ses clients pressés de découvrir leur quotidien. Quant à moi, attendant qu’il y ait un peu moins de monde au comptoir, je regardais d’un œil distrait le rayon des magazines. Une très belle photo de couverture attira mon regard : un voilier, l’étrave éclaboussée par les vagues, la coque inclinée, toutes voiles dehors, semblait sortir du magazine et se diriger vers moi. J’achetai l’exemplaire de « Voiles et Voiliers » qui, entre autres, consacrait plusieurs articles à une course à la voile autour du monde, la Withbread.

C’est ainsi que tout a commencé. Le banal trentenaire, cadre de banque perdu dans la foule anonyme de ses semblables, venait de découvrir la passion de la voile. La semaine suivante, il achetait « Yachting Sud », y découvrait une annonce du Groupe de Croisière des Bancs de Flandre et s’inscrivait à leur cours de voile. Peu après, il embarquait à Boulogne sur un Armagnac appartenant à l’Ecole des Glénan. Je m’en souviens comme si c’était avant-hier : les manœuvres de port, le chef de bord qui me crie : « Déborde ! », mon incompréhension totale du vocabulaire marin, la jolie Annette qui me tend la gaffe en mimant ce qu’il faut que j’en fasse. L’absence de moteur. La grand voile qui se déchire. Les innombrables bords tirés dans la nuit sous génois seul avant de pouvoir entrer dans la rade de Douvres. Mais la nuit était belle et j’avais barré ce superbe plan Harlé de 8 mètres 50 pendant suffisamment longtemps pour que le coup de foudre me frappe en plein cœur et que dorénavant, la voile, la mer et moi ce soit à la vie à la mort.

Voilà donc ce qui peut se passer quand on lit par hasard un magazine de voile. Et c’est bien cela la raison d’être d’un magazine comme « Yachting Sud ».

Charles Bertels, dans son éditorial du n° 864 (juillet/août 2005), intitulé « Excusez-nous du peu ! », écrivait ceci : « Nous sommes aujourd’hui confrontés à l’alternative d’arrêter la publication ou de négocier un nouveau partenariat avec un groupe de presse. … Nous savons que vous aimez Yachting Sud – Sur l’eau autant que nous et qu’arrêter une publication équivaut à museler une liberté d’expression dans quelque domaine que ce soit, s’agissant ici de votre passion. … Cette édition de juillet-août 2005, limitée aux seuls coûts de production, vise avant tout à assurer une continuité dans votre légitime désir de rester des yachtsmen belges qui ont le droit d’être informés par leur mensuel ».

Le numéro est bien maigre : 16 pages seulement. Le suivant (865 – septembre 2005) passe à 24 pages et, cette fois, l’éditorial proclame : « Yachting Sud continue ». Et explique : « … Autant de réactions positives nous ont permis de choisir le nouveau partenariat qui correspondait le mieux à notre politique éditoriale qui est de publier un mensuel belge écrit par des yachtsmen pour des yachtsmen. » L’homme providentiel s’appelle Pierre-Yves Martens. Il reprend les rênes de Belgian Yachting Press et dirige toujours actuellement la publication de Yachting Sud. Quant à Charles Bertels, il conclut ainsi son éditorial : « Notre équipe rédactionnelle et graphique reste fidèle au poste pour que vous retrouviez dès le mois prochain votre Yachting Sud tel qu’il était et que vous avez souhaité qu’il continue. Merci à vous tous, nous sommes à nouveau sur le bon bord. ».

Aujourd’hui, dix-huit ans plus tard, Yachting Sud est devenu ce magazine dont plus personne ne conteste l’inventivité et le perfectionnisme de la mise en page (effectuée avec talent par l’agence PAF), ni le choix d’excellentes photos, ni la qualité des textes publiés. Mais la conjoncture a évolué. Le Covid 19 a rétréci le marché de la plaisance avant que l’inflation ne fasse sa réapparition. La hausse des prix et celle des taux d’intérêt ont effacé des années d’argent facile et de crédits à des taux proches de zéro. La presse en général et la presse nautique, la nôtre, en particulier, souffrent énormément de la hausse du prix des matières premières (le papier) et du coût de l’énergie (imprimerie).

Comme les cycles économiques ont tendance à se répéter, les experts nous prédisent la fin de l’inflation pour début 2024, qui devrait être une année de récession ou de croissance nulle, avant une année 2025 où les planètes s’aligneraient à nouveau dans le bon sens.
D’ici là, il nous faut compter sur vous qui lisez ces lignes. Il vous suffit de faire ce simple geste qui ne vous coûtera pas beaucoup : souscrire un abonnement à « Yachting Sud ». Vous ne le regretterez pas…

Merci d’avance et à bientôt !

Infos pratiques :
– Téléphone +32 2 648 06 17
– Fax: +32 2 633 22 94
– e-mail: pymartens@yachtingsud.be

Eric Van der Heyde © 09-2023
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